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Le musée des maisons traditionnelles du Lanna, un musée qui devient vivant !

Lanna Traditional House Museum. Voilà un site muséal qui, lors de notre premier passage il y a passablement d’années, nous a envoûtés. Et ce pour plusieurs raisons : que ce soit le calme qui règne dans ce grand parc parsemé d’anciennes maisons en bois et d’arbres majestueux, le thème du musée en lui-même ou encore la quasi absence de touristes. Peut-être qu’un des divers événements organisés là vous y conduira, à l’image de celui dont on vous parle aujourd’hui. Et si ce ne devait point être le cas, on vous conseille vivement cette visite l’année durant. Lisez notre article et vous saurez pourquoi, d’autant qu’on vous indique également quoi visiter alentour.

Et puisque le thème des anciennes maisons traditionnelles est abordé, on en profite pour vous donner nos meilleurs conseils : visiter des maisons historiques au cœur de Chiang Mai, découvrir le projet d’un artiste de Sanpatong qui change les mentalités des propriétaires de ces maisons, ou encore manger dans une bâtisse transformée en restaurant/musée.

Au menu de cet article :

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Le musée à proprement dit

Il s’agit donc d’un musée en plein air – un brin excentré, à l’ouest de la ville – où vous pourrez admirer d’anciennes maisons traditionnelles du Lanna, du nom de l’ancien royaume sis au nord de la Thaïlande. Vous avez là une douzaine de bâtisses en bois – des maisons d’habitation et des greniers à riz – représentatives de l’habitat du Nord.

En se promenant en Thaïlande, on ne peut que regretter la rapide et inéluctable disparition des anciennes maisons en bois. Une disparition plus criante encore dans les villes telles que Chiang Mai. Sans toutefois renier le confort qu’apportent les constructions modernes. C’est dire le plaisir à voir ici réunies des bâtisses, parfois fort anciennes, démontées puis remontées sur place, sous l’égide du Centre pour la promotion des Arts et de la Culture, une entité académique de l’Université de Chiang Mai (CMU).

Une fois déchaussé, vous pouvez entrer dans certaines des demeures et constater la sobriété de leur aménagement intérieur. Quelques explications sont données, tant en thaï qu’en langue anglaise. Il faut dire que le musée a vocation éducative et beaucoup d’écoliers et d’étudiants le visitent. Mais avouons qu’en matière de muséologie, l’aspect didactique pourrait être notablement amélioré.

On vous présente les maisons dans le détail en fin d’article. De notre point de vue, la visite vaut le détour. Coup d’œil en vidéo :

INFOS PRATIQUES
Musée des maisons traditionnelles du Lanna (Lanna Traditional House Museum en anglais, พิพิธภัณฑ์เรือนโบราณล้านนา en thaï).
Ouvert du lundi au vendredi, de 8h30 à 16h30, les samedis et dimanches, de 9h à 16h30. Fermé les jours fériés.
L’entrée, qui se situe sur la route du Canal, coûte THB 20.- (THB 10.- pour les étudiants, gratuit pour les enfants de moins de 10 ans).
Site web, page Facebook, avis TripAdvisor, emplacement


Living Museum – Un musée vivant

Abrité par de magnifiques arbres séculaires, l’ensemble du site s’anime de manière fort originale au début de la saison « hivernale ». Depuis plusieurs années maintenant, le musée des maisons traditionnelles Lanna se transforme en musée vivant plusieurs jours durant.

Qu’est-ce qu’un musée vivant ?
Un musée vivant ou un musée d’histoire vivante est un musée qui recrée les paramètres historiques pour reproduire les périodes passées. L’objectif des musées d’histoire vivante est de fournir aux visiteurs une interprétation pratique du passé. Ils donnent vie à l’histoire en imitant au maximum les conditions d’un environnement naturel, d’une période historique ou d’une culture.

Source : Ripleybelieves.com ®

La riche culture du Lanna se donne ainsi à voir ! Un événement qui vous permet de découvrir l’ancienne sagesse et l’artisanat de la région. Vous y rencontrerez ses meilleurs représentants, les artisans. Divers ateliers et démonstrations sont au programme; belle occasion par exemple d’admirer le tissage du coton sur d’anciens métiers, de découvrir l’utilisation d’instruments typiques ou encore de goûter aux mets d’une cuisine traditionnelle. Digne reconstitution du mode de vie d’antan et des savoirs anciens du Lanna. Y participent bien souvent les Tai Lüe, membres de la minorité ethnique des Dai.

Voici les divers ateliers organisés durant cette édition 2019 :

  • Station 1 : création de lanternes tai yai
  • Station 2 : fabrication de lampions en argile (phang pratheep)
  • Station 3 : vannerie (en utilisant des feuilles de bananier)
  • Station 4 : cuisine du riz gluant au sésame
  • Station 5 : fabrication de tuiles en terre cuite
  • Station 6 : initiation à l’écriture Lanna
  • Station 7 : architecture et croquis (maisons Lanna)
  • Station 8 : orchidées locales
  • Station 9 : variétés locales de riz
  • Station 10 : brocart de soie tissé et guirlande nouée à la main
  • Station 11 : laque

Vous retrouvez plusieurs de ces produits artisanaux durant les fêtes et festivals organisés à Chiang Mai, par exemple les lanternes et les lampions qui éclairent la féerique Fête des Lumières (le Loi Krathong).

Qui sait si ces clichés de l’édition 2017 vous donneront envie d’effectuer le déplacement…

INFOS PRATIQUES
Culture vivante et mode de vie
(en anglais : Living Culture & Way of Life, en thaï : แอ่วเฮือน เยือนผญา)
Du 27 au 29 novembre 2019, de 9h à 17h
Événement Facebook, page Facebook du Centre pour la promotion des Arts et de la Culture, emplacement


Un site régulièrement animé

L’endroit est habituellement paisible – mort diront les mauvaises langues – et c’est un euphémisme. Mais d’éclectiques événements se déroulent régulièrement dans ce bel écrin. Il s’agit parfois de colloques universitaires – souvent liés à la riche culture du Lanna – qui n’attirent que les érudits. Telle cette conférence sur un ancien rituel, Salak Yom, une très ancienne cérémonie d’acquisition de mérites (où les pratiquants offrent des habits aux défunts), un rituel qui donne lieu à l’un des plus beaux festivals de Lamphun, la province voisine. Ou ce séminaire sur l’utilisation de la technologie numérique en anthropologie.

En 2019 a été lancé un projet de Conservation de l’architecture traditionnelle du Lanna à Chiang Mai. Projet qui inclut bien entendu ce site muséal et qui a reçu le soutien de l’ambassade des États-Unis en Thaïlande. Une page Facebook rend régulièrement compte des avancées de ce projet.

Tout au cours de l’an, de nombreux et intéressants ateliers sont organisés sur place. Ainsi de celui-ci permettant de réaliser des bougies de divers types, dont des bougies traditionnelles du Lanna (détails et ambiance). C’est dans une ambiance toujours détendue que s’acquièrent ces nouvelles connaissances.

Quelques manifestations populaires sont aussi organisées sur le site du musée. Comme par exemple, en 2014, un Festival international de marionnettes ou, l’année dernière, le Water Festival dans le cadre de Nouvel An thaïlandais (le fameux Songkran). Le site a vu défiler les meilleurs artistes du folklore Lanna (il s’agissait d’une cérémonie rituelle traditionnelle dont nous devrions vous reparler un jour). Dernier événement d’importance, le Chiang Mai City of Crafts and Folk Art 2020, une Foire de l’Artisanat dans le cadre d’une manifestation d’envergure internationale, le Chiang Mai Design Week, un rendez-vous annuel qui prend peu à peu ses lettres de noblesses.

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Aux alentours du musée

Le musée en plein air se situe sur une parcelle où a été créé le Centre d’Art de l’Université de Chiang Mai (CMU, หอนิทรรศการศิลปวัฒนธรรม มหาวิทยาลัยเชียงใหม่), une adresse incontournable pour tout amateur d’art. Terreau artistique s’il en est, fort animé toute l’année comme en témoignent les nombreux événements que nous ne manquons pas de promouvoir sur notre page Facebook.

À l’ouest, au bout de la route Suthep (il s’agit de l’ancienne route menant à la montagne éponyme, construite sous l’impulsion de Khruba Siwichai, un saint homme très vénéré), vous trouverez un autre « musée vivant », encore moins connu que le musée des maisons traditionnelles : le Roitawarabarn Baandhawalai (ou Musée Ganesh, ร้อยทวารบาล บ้านเทวาลัย), la Propriété des Dieux et des Déesses comme l’appelle l’érudit Jean de la Mainate. C’est là une visite que nous conseillons vivement. On peut y voir de jeunes artistes à l’œuvre : peinture, sculpture sur bois et sculpture sur verre. Le propriétaire affirme que c’est là que se trouve le plus grand Ganesh en bois du royaume… Non loin, un peu plus haut que l’entrée no 2 du zoo de Chiang Mai, vous trouverez le point de départ du Sentier des moines, Monk Trail en anglais. Une magnifique balade d’une demi-heure qui vous mènera vers ce qui est un des temples marquant le plus les visiteurs de Chiang Mai, le Wat Palad (วัดผาลาด (สกทาคามี)). Un temple des moines de la forêt, une tradition thaïlandaise du bouddhisme Theravada. Les plus valeureux grimperont plus haut encore, vers le temple le plus vénéré du nord thaïlandais, le Wat Phrathat Doi Suthep (วัดพระธาตุดอยสุเทพราชวรวิหาร). Notez que notre partenaire, le Swiss-Lanna Tour, organise un circuit qui vous permet de visiter tant le Wat Palad que la Propriété des Dieux et des Déesses, avec, en point d’orgue, l’aumône matutinale aux moines du Wat Phra That Doi Suthep. Cela à l’écart du tourisme de masse, accompagné par un ancien moine bouddhiste, Khun Wet. Tous les détails de ce circuit hors du commun sur leur site web : Doi Suthep matutinal – Offrandes aux moines.

Non loin du musée des maisons traditionnelles du Lanna, de l’autre côté de la route du Canal, n’hésitez pas à faire une pause-café au Royal Project Shop (ร้านโครงการหลวง). Occasion de vous reposer dans un cadre agréable mais aussi de découvrir les produits de cette fondation créée par feu le roi Bhumibol le Grand, une fondation qui vient en aide aux membres des diverses minorités ethniques. Nous lui avons d’ailleurs consacré un article complet à l’occasion de la Royal Project Fair annuelle. Sans oublier que vous vous trouvez là au sud de Nimmanhaemin, le quartier branché de Chiang Mai. Un quartier qui vous permet de découvrir le foisonnement artistique et culturel de la Rose du Nord.


Voir d’anciennes bâtisses en bois au cœur de Chiang Mai

On vous le disait en guise d’entame, Chiang Mai voit désespérément disparaître peu à peu ses maisons traditionnelles en bois. Hélas, trois fois hélas, la préservation du patrimoine n’est pas la priorité des instances dirigeantes. Espérons que la volonté des autorités d’inscrire la ville au Patrimoine mondial de l’UNESCO infléchisse ce triste état de fait.

© HOP – House of photography

Les amateurs de maisons anciennes pourront cependant trouver plusieurs perles architecturales où le bois règne en maître. Voici quelques propositions de visites en commençant par une chouette maison repeinte en bleu, la Maison de la Photographie (หอภาพถ่ายล้านนา, Chiang Mai House of Photography), non loin de la place des Trois Rois. Vous pourrez non seulement visiter la maison à l’étage (en vous déchaussant) – y sont régulièrement organisées d’intéressantes expositions photographiques où l’entrée est gratuite – mais également consulter la librairie digitale au rez-de-chaussée (site web et page Facebook).

Khum Chao Burirat où a été créé le Centre d’architecture du Lanna

Autre adresse incontournable pour tout amateur de maisons traditionnelles, le Centre d’architecture du Lanna qu’anime la Faculté d’architecture de l’Université de Chiang Mai (CMU). Constituée de briques et de bois, c’est une demeure de deux étages datant de la fin du XIXe siècle. Elle allie le style occidental (la structure du rez-de-chaussée) et l’architecture lanna (la partie en bois à l’étage), fruit de l’arrivée des missionnaires et marchands occidentaux. En langue locale, khum (คุ้ม) s’utilisait pour désigner un manoir ou une maison appartenant à des membres de la famille royale du Lanna. Khum Chao Burirat (Maha Intra) était donc la résidence d’un dirigeant de l’époque, Chao Burirat. C’est l’un des rares khum anciens qui subsistent à Chiang Mai. Acheté en 1917 par Mme Thipayamonthon, ses héritiers ont cédé le bâtiment à la CMU en 2001 afin d’honorer leurs ancêtres.

La maison, entourée d’un petit parc au cœur de la Cité fortifiée (« le carré »), est visitable, pieds nus; vous y verrez des maquettes de maisons traditionnelles du Nord avec la mise en perspective de ce qui fait leur singularité. Et, une fois à l’étage, vous n’oublierez pas de jeter un œil depuis la terrasse sur le chedi du Wat Chedi Luang.

Centre d’architecture du Lanna (Lanna Architecture Center, ศูนย์สถาปัตยกรรมล้านนา คุ้มเจ้าบุรีรัตน์ (เจ้าน้อยมหาอินทร์ ณ เชียงใหม่)), appelé également le Musée Khum : site web, page Facebook, avis TripAdvisor et emplacement. Hors événements particuliers (tels que la Chiang Mai Design Week où l’on visite gratuitement), l’entrée est payante : THB 120.-/personne (et seulement THB 60.- pour les Thaïlandais), THB 20.- pour les éditants et seniors de plus de 60 ans (THB 10.- pour les Thaïlandais), gratuit pour les enfants jusqu’à 7 ans, les moines, les novices et les personnes handicapées. Le centre est ouvert de 9h à 17h (sauf le dimanche où il ouvre de 13h à 20h et le lundi où il est fermé).


Le Old Cultural Center (ศูนย์วัฒนธรรมเชียงใหม่) défend lui aussi la culture du Lanna en organisant notamment ses fameux dîners khantoke (repas traditionnel du nord à même le sol, servi sur un khantok et animé par des danses traditionnelles). Une animation originale organisée dans une vieille demeure semblable aux caravansérails. Vous pouvez visiter là une ancienne maison en bois de teck, Saw Hong, transformée en musée. Il s’agit d’un des trois styles de maisons Lanna, facilement reconnaissable aux deux pièces de bois sculptées s’entrecroisant au haut du toit (site web et page Facebook).

Plus à l’est, en bordure de la rivière Ping, rive droite, vous tomberez sans doute sous le charme de l’Ancient House (บ้านโบราณเชียงใหม่), transformée bien tristement en centre commercial open air par son riche propriétaire. Ban Bolan, c’est le nom de la maison, est une belle demeure qui revendique plus de 150 ans d’âge puisque construite en 1867. D’architecture birmano-thaïlandaise, elle est le fruit du commerce du bois qui utilisait jadis la rivière pour son transport, aidé par les éléphants. Un précieux héritage de l’histoire locale qui mérite d’être conservé. Reste en suspens l’usage idéal à en faire2 (page Facebook)…

Une maison en teck de plus de 150 ans. À quelques dizaines de mètres au nord, en retrait de la route Charoen Prathet, au pie du grand hôtel Diamond Riverside (ici), a été construite Baan Huen Luang. Une belle bâtisse qui date de l’année bouddhiste thaïlandaise 2409, soit 1866 de notre ère. C’est là aussi une maison chargée d’histoire, construite par le vice-capitaine Pacha Luang Yona Kanphichit, un négociant en bois venu de Birmanie voisine. Les riches Birmans ont contribué à la construction de routes et de ponts, en restaurant également d’innombrables temples (tel le Wat Upakut tout proche). Mongbpanyo – c’est là un des nombreux noms du propriétaire (autrefois, le nom de panyo en langue birmane signifiait fleur, plus précisément orchidées en fleur) – Mongbpanyo donc, a eu droit à une crémation royale, ayant rendu service à la dynastie Chakri (du roi Rama V au roi Rama VII).

Luang Yona Kanphichit est aussi celui qui a construit la première imprimerie de Chiang Mai, de même que le premier crématorium. Appartenant de nos jours à une riche famille de Bangkok, cette bâtisse a peine à trouver un exploitant sur le long terme (en dernier lieu, c’est un salon de massage qui y était installé).

Presque en face de l’Ancient House précédemment évoquée, de l’autre côté de la rivière, autre témoignage historique qui ne bénéficie hélas pas des mêmes ressources financières, Sriprakard (ศรีประกาศ). C’était l’un des premiers hôtels de Chiang Mai, tout en bois donc. Ses héritiers, sans le sou, essaient tant bien que mal de préserver l’endroit en y organisant régulièrement des événements originaux (page Facebook).

En longeant la rivière vers le sud, vous attend un restaurant qui sert sa clientèle depuis fort longtemps, l’Antique House (Huan Boran, เฮือนโบราณบ้านฮิมปิง). Si la cuisine typiquement thaïlandaise ne vous convainc pas, sirotez donc un verre au bord de la rivière, une fois entré dans cette maison en bois au décor original (page Facebook). Attention : le tout est en cours de rénovation (dès mars 2020) et il semble bien que l’ancienne maison sera détruite… Plus au sud encore, le long de la très belle route Chiang Mai-Lamphun, perdu dans la campagne, le Wiang Kum Kam (เวียงกุมกาม) est un site historique qui vous permettra d’admirer là aussi de belles demeures en bois dont la superbe Lanna Rice Barn, transformée en restaurant. La « vieille ville » de Chiang Mai, c’est bien ici et pas ailleurs !

On termine cette brève énumération en vous rappelant que vous pouviez dormir dans une authentique maison traditionnelle du Lanna. Notre ancien partenaire, le Swiss-Lanna Lodge ici à Chiang Mai, vous proposait ses chambres aménagées dans une ancienne demeure en bois rénovée. Vous pouviez bénéficier là d’un hébergement typique du Lanna et du chaleureux accueil qui caractérise les gens du Nord. Sawat dee jao ! Hélas, la crise du Covid-19 est passée par là et ce lodge n’existe plus 😒

Indépendamment des conseils que l’on vous donne, on vous enjoint vivement de vous abandonner à la grâce de l’inattendu : en vous promenant, vous découvrirez sans nul doute d’autres demeures en bois habitées par l’âme du lieu…


Chronique des maisons traditionnelles de Sanpatong4

Vivant depuis plusieurs années dans la Rose du Nord, nous ne pouvons que déplorer la lente mais inexorable disparition des anciennes maisons traditionnelles en bois. Elles sont peu à peu détruites au profit de constructions modernes (plus confortables, il est vrai). La préservation du patrimoine architectural n’est pas la priorité du gouvernement, à quelques exceptions près (on pense ici au Centre d’Arts et de Culture de la ville, sis sur la place des Trois Rois, brillamment rénové en 2019). Constat dramatique s’il en est.

Imaginez alors notre joie lorsque nous avons eu vent du projet mis sur pied par Roongroj Paimyossak, un artiste, militant et chef de village à la retraite : il a passé deux ans à répertorier des vieilles maisons en teck du district où il est né, Sanpatong ! « Quand j’étais petit garçon et que je grandissais dans mon village de Sanpatong, je me souviens d’avoir vu de vieilles maisons démontées et vendues pour du bois et d’avoir eu l’impression qu’une partie de moi-même était démolie, que de petits morceaux de moi étaient emportés », a-t-il déclaré.

Roongroj Paimyossak © Facebook

« Artiste, j’ai obtenu mon diplôme en beaux-arts. De retour dans mon village, j’en suis devenu le chef, un chef de village très controversé pendant environ cinq ans, m’attirant toutes sortes d’ennuis avec le statu quo », dit-il en riant. Mais voir disparaître maison après maison dans sa ville natale bien-aimée, pour être ensuite transformée en hôtel-boutique ou en café branché en ville, c’était un coup dur et il n’y avait pas de quoi rire, ajoute-t-il.

Il y a deux ans, de son propre chef, il a commencé à visiter les 120 villages du district de Sanpatong, à la recherche de vieilles maisons. « C’est un projet d’art communautaire que je me suis senti obligé de réaliser », poursuit-il. « J’ai pris mon appareil photo, mon bloc-notes et mon enregistreur et j’ai commencé à parler aux propriétaires de maisons. Ce que j’ai appris, c’est que beaucoup de ces maisons, qui étaient traditionnellement très importantes pour les gens, font aujourd’hui l’objet d’une lutte d’héritage entre eux. Alors que traditionnellement les familles vivaient pendant des générations dans une maison, organisant même des cérémonies annuelles où les familles se réunissaient pour honorer les ancêtres qui avaient construit la maison, aujourd’hui les descendants se disputent souvent leur maison, décidant parfois de la vendre et de partager l’argent. C’est une honte criante ».

Roongroj a commencé à parler aux propriétaires, à faire des croquis de leurs maisons, à filmer leurs interviews, à écouter leurs histoires et à photographier leur maisons. C’était un travail lent et difficile. « Mais j’ai constaté qu’en montrant de l’intérêt, les villageois voyaient voir leur propres maisons avec des yeux nouveaux. Ils ont commencé à en apprécier la valeur. C’était mon objectif. Je veux que les gens retournent chez eux, qu’ils vivent dans leur maisons ancestrales. Alors je m’assois et j’écoute leurs histoires. Et en la racontant, ils se souviennent alors de son importance. »

Le projet de Roongroj a pris de l’ampleur, attirant l’attention. Il travaille maintenant avec la Siam Society, ainsi qu’avec la faculté d’architecture de l’université de Chiang Mai (CMU). Il a depuis élargi son projet pour inclure d’autres régions, Mae Wang, Lamphun et Hang Dong.

« Mon souhait est que les familles rentrent fièrement chez elles. Nous pourrons alors aller dire aux propriétaires de cafés et d’hôtels-boutiques branchés que s’ils veulent la maison, au lieu de la démonter, ils peuvent en construire sur la base d’un modèle que nous pourrons établir. Il y a aussi des orfèvres et des sculpteurs sur bois, des gens qui étaient autrefois très admirés pour leurs compétences, mais qui ne sont plus que des travailleurs journaliers. Nous pouvons alors leur donner plus d’emplois et les aider à reproduire ces maisons pour le marché moderne. Il y a un réel potentiel ».

« Au départ, mon but était d’attirer l’attention des descendants sur la valeur patrimoniale des bâtisses. Je pense que nous sommes maintenant sur quelque chose de plus grand, quelque chose qui peut servir de modèle aux communautés de toute la Thaïlande pour aider à préserver et à rendre pertinent ce qui a été longtemps négligé et ignoré. Ce ne sont pas des objets. Ils ont une signification, un héritage et une histoire. Nous sommes bizarres : quand nous voyons que d’autres personnes voient une valeur, nous commençons à voir une valeur ».

« Sanpatong est particulièrement intéressant, je crois, parce que nous avons traditionnellement eu jusqu’à huit groupes ethniques vivant ici en harmonie. Leurs influences sont visibles dans l’architecture, qu’elle soit Lawa (ou Lua), Yong, Muang, chinoise ou même indienne ».

« Tous ces morceaux de moi que j’avais l’impression d’avoir perdus à chaque fois que, jeune garçon, je voyais une maison en train d’être démantelée, ont recommencé à être réparés. Tous les morceaux de ma vie reviennent, j’ai l’impression d’être reconstitué ».

Fruit de ce long travail, un livre présentant 101 maisons historiques de Sanpatong a déjà été publié (hélas qu’en thaï pour l’heure).

L’écrivain et collectionneuse d’art Janine Yasovant, installée à Chiang Mai, vous parle plus en détail de cet artiste sur Scene4 (c’est en anglais) : Art is the gentle force to connect things together.

L’artiste Roongroj Paimyossak (รุ่งโรจน์ เปี่ยมยศศักดิ์) : sa page Facebook
La Galerie d’Art de Sanpatong (หอศิลป์สันป่าตอง) : son emplacement et sa page Facebook (elle est généralement ouverte de 9h à 16h).


La maison Gen Kun, à Ban Pa Tan

Il est d’heureuses reconversions et celle-ci en fait partie. Les propriétaires d’une ancienne bâtisse en bois plus qu’octogénaire, Heuan Gen Kun, l’ont reconvertie : l’ancienne maison familiale est devenue un café-restaurant et, en même temps, un musée vivant. Ainsi, sur place, vous pourrez non seulement y manger une cuisine typique du nord mais également visiter la demeure, vous prendre en photo en habits d’époque ou encore participer à des ateliers, comme par exemple l’élaboration du célèbre muak kalo (หมวกกะโล่), chapeau de type colonial datant de l’époque Rama V.

Heuan Gen Kun (เฮือนเจ้นขุน) se trouve à Ban Pa Tan (San Kamphaeng), à 30 minutes de route à l’est de Chiang Mai, ici. Et c’est ouvert tous les jours de 10h à 19h. Voici leur page Facebook.

La chaîne de TV locale WeTV a consacré un reportage à ce lieu, de même que quelques photos, un reportage qu’on vous offre ci-dessous :


Trois livres indispensables

Oui, indispensables ouvrages, pour qui se passionne pour l’architecture des maisons du nord thaïlandais s’entend. Le premier, complément incontournable à toute visite du musée des maisons traditionnelles du Lanna, a été publié en 2014 par le Centre pour la promotion des Arts et de la Culture, l’entité académique qui gère le musée. Lanna House and Way of Life a été écrit par Thapanee Kruaraya (et traduit en anglais par Somporn Varnado).

Après une brève introduction sur le peuple du Lanna, sa religion, sa culture et sa cuisine, on entre dans le vif du sujet avec les caractéristiques des maisons traditionnelles du Lanna. Suit la présentation des maisons telle que reproduite ci-dessous. Un livre très instructif avec moult photos, explications, plans et dessins. Vous devriez pouvoir le trouver et l’acquérir au musée même.

Plus récent, édité par deux facultés de l’Université de Chiang Mai (CMU), la faculté d’architecture et celle des beaux-arts, Architecture of Lanna commémore le 720e anniversaire de la ville de Chiang Mai. Ne l’ayant point feuilleté, on ne peut vous en dire plus.

Dernier livre de référence, Architecture of Thailand: A Guide to Tradition and Contemporary Forms, par Brian Mertens et le même auteur thaïlandais que l’ouvrage précédent. C’est là un beau livre qui embrasse un thème plus vaste, celui de l’architecture siamoise dans son ensemble. Toutes les caractéristiques importantes de la culture thaïlandaise qui en façonne son habitat sont ici évoquées : ses racines agraires, sa religion et sa monarchie, son riche mélange d’influences étrangères sont incarnées dans les bâtiments. Par conséquent, ce livre met également en lumière la tradition et l’histoire thaïlandaises. Un texte vivant et des centaines de photographies et d’illustrations explorent l’architecture des maisons indigènes de Thaïlande, de la modeste mais charmante hutte de campagne tissée de bambou au splendide manoir en teck construit sur pilotis. L’architecture religieuse n’est pas oubliée. Les variations stylistiques régionales sont également présentées. Des chapitres sont consacrés au Grand Palais, aux éléments et à l’ornementation des palais et des temples, ainsi qu’à l’architecture façonnée par les immigrants et par la tradition étrangère. Certains sujets sont peu traités ailleurs : l’architecture islamique de la Thaïlande, les shophouses, le jardin de bonsaïs de style siamois, les murs et les portes de la cour, de même que les ornements tels que la mosaïque de verre. Pour amateur éclairé (ou alors pour le devenir). Vous pouvez acquérir l’ouvrage, en anglais, chez votre libraire préféré ou encore sur Amazon.


Les maisons du musée en détail

Comme promis, voici la présentation détaillée des maisons exposées au musée des maisons traditionnelles du Lanna1.

Maison coloniale Heuan Lung Que

Heuan Lung Que est une maison de style colonial, construite en 1922. C’est un des premiers exemples de ce type de maison à cette époque. Les maisons de style colonial à Chiang Mai ont d’abord été construites par des étrangers travaillant avec des sociétés de commerce ou d’exploitation forestière en Thaïlande et en Birmanie. Parmi les premières adaptations, citons la véranda couverte et les grandes portes et fenêtres pour une meilleure ventilation. Ce style est devenu populaire plus tard parmi les aristocrates et les nobles.

Située à l’entrée du site, le plan de cette maison est de forme rectangulaire. L’entrée de la maison se trouve au centre du bâtiment. La première pièce à l’entrée de la maison est un grand hall avec une cheminée sur un côté. L’escalier qui mène au premier étage se trouve également dans ce hall, ce qui est peu fréquent dans les maisons de style traditionnel du Lanna. Le plafond du rez-de-chaussée est relativement haut pour faciliter la ventilation. Le plafond du premier étage n’est pas aussi haut et donne accès au toit. La véranda est entièrement couverte, ce qui permet de l’utiliser pendant la journée et d’éloigner la pluie et le soleil du compartiment principal.

Contexte historique. Le propriétaire de la maison était M. Arthur Lionel Queripel, un commerçant britannique travaillant pour la Bombay-Burma Trading Company. La maison a été construite en 1922 par un architecte birman du nom de Mong Chan. La Thaïlande a été occupée par les Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale, de l’invasion de 1941 jusqu’en 1945, période pendant laquelle M. Queripel et sa femme Dokchan ont été contraints de quitter la maison. Après le décès de son proprétaire en 1946 à Bangkok, la famille Queripel est retournée vivre dans la maison jusqu’à ce qu’elle soit expropriée par le gouvernement, faisant partie intégrante de l’Université de Chiang Mai (CMU) en 1963. Détails de cette maison.


Maison des habitants de la ville de Chiang Mai – Heaun Phaya Pong Lang Ka

Heaun Phaya Pong Lang Ka est un excellent exemple de maison appartenant à une famille de haut statut social. Le style de la maison entourée d’eau, que l’on trouve typiquement en ville de Chiang Mai, ressemble aux anciennes maisons traditionnelles kalae.

La maison a été construite en hauteur et se compose de deux compartiments, chacun avec son propre toit et ses pignons, mais partageant la même plateforme. Une gouttière en bois faite d’une seule longueur de rondins passe entre les deux toits de tuiles. Le plus grand compartiment est le lieu de couchage, tandis que le plus petit sert de cuisine. Une grande véranda à l’avant de la maison est reliée à la terrasse. On suppose que le mur en bois de la maison a été construit plus tard pour séparer les chambres et la véranda.

Comme pour une maison kalae, sa construction est composée de piliers et de poutres pour en supporter le poids. La structure du toit est la même que dans une maison kalae mais il n’y a pas de kalae (un morceau de bois sculpté qui s’étend du haut des pignons). Aucun ham-yon n’a été trouvé comme linteau sculpté sur les portes des chambres à coucher. Les fenêtres sont assez peu nombreuses, mais il y a des panneaux coulissants à de nombreux endroits qui assurent une ventilation supplémentaire.

Contexte historique. Heaun Phaya Pong Lang Ka a été construite à l’origine dans la ville de Chiang Mai, entourée d’eau, en 1896, l’année même où la ville de Chiang Mai célébrait son 600e anniversaire, par Phaya Pong Lang Ka et sa femme Kham Moon. Les descendants de Phaya Pong Lang Ka, la famille Waneesorn, ont fait don de la maison à l’université de Chiang Mai en 2004. Son déménagement a été soutenu par la Fondation Chumbhot-Pantip. Détails de cette maison (avec une vidéo).

La maison kalae (en thaï : เรือนกาแล) est un style architectural du nord de la Thaïlande, une région qui s’appelait autrefois le Lan Na. La maison est composée de deux compartiments partageant la même plateforme. Elle doit son nom aux sculptures décoratives en bois qui dépassent du sommet des pignons, caractéristiques propres aux maisons traditionnelles du nord thaïlandais. C’est là une combinaison des résidences traditionnelles des groupes ethniques Lanna, Tai Lue, Tai Khoen et Tai Yong. Les influences de ces peuples rendent les maisons diverses en termes de style, de plan, de décoration, de fonctions et des éléments mêmes de la maison.
Le mot kalae a la même racine que le mot ka-lang, qui signifie un croisement ou un chevauchement. Kalae fait référence à la crémaillère en bois sculpté fixée aux pignons de la maison. La crémaillère en bois est prolongée pour former un V au sommet de la planche faîtière. La crémaillère allongée mesure 0,5 mètre de long. Les kalae sont remarquables pour leurs gravures, le point central. Les deux côtés du support de gravure sont généralement des oiseaux. Cependant, d’autres motifs peuvent être gravés. Le kalae était le cadre conçu pour maintenir le toit ensemble car le toit était autrefois construit à partir de feuilles de bananier. Plus tard, lorsque le matériau de construction s’est transformé en tuiles d’argile, le kalae est devenu un élément décoratif.
Les maisons kalae indiquent le statut du propriétaire et symbolisent sa fortune. À chaque partie de la maison ses fonctions.
Plusieurs générations partageaient le même toit. Le quotidien des Thaïlandais du nord est souvent basé sur des croyances superstitieuses. Il en va de même pour leurs constructions, dépendant également du climat, de la direction du vent, des matériaux disponibles localement.
L’orientation de la maison est calculée en fonction du soleil, le fronton du toit étant toujours orienté vers le sud ou le nord. Ces maisons ne sont plus aussi courantes qu’autrefois, des constructions plus modernes ayant fait leur apparition.

Vous en saurez plus grâce à Wikipédia (en anglais), source de ces indications
Maison kalae – Heaun Oui Paad

Heaun Oui Paad. Les maisons kalae ont souvent des compartiments jumeaux. Les faîtages parallèles sont généralement orientés selon l’axe nord-sud. Les extrémités des deux toits sont reliées par une gouttière en bois.

Les deux compartiments partagent généralement la même plate-forme qui s’étend de l’avant de la maison à l’arrière. Le plus grand compartiment est la zone de couchage, tandis que le plus petit est destiné à la cuisine. La salle de bain est généralement construite à l’écart de la maison. La véranda avant sert d’espace de travail et de repos pendant la journée. La nuit, elle est utilisée par tous les hommes du ménage comme lieu de couchage. Cette véranda avant comporte une petite cloison, qui est le prolongement du mur en bois de la chambre à coucher, appelée fha lap nang. Cette cloison est destinée à préserver l’intimité des jeunes filles qui travaillent dans la véranda pendant la journée.

En montant l’escalier de l’avant de la maison, la première véranda qui est séparée de la véranda principale est appelée shan hom. On trouve souvent sur cette véranda une petite étagère en bois pour l’eau potable dans un bocal en terre cuite. De nombreuses maisons ont également un stand d’eau potable similaire près de la porte d’entrée, offrant de l’eau potable aux voyageurs et aux gens de passage.

Il n’y a pas de plafond sous le toit, de sorte que la chaleur se disperse rapidement à partir de la zone de service. À ce niveau du plafond, une étagère en bois ou en bambou appelée kwan offre un espace de rangement supplémentaire. Au sommet des échasses se trouvent les kua yan, des supports qui aident à renforcer la structure du toit et servent également de point d’appui pour les travaux sur les tuiles. Le mur de la zone de couchage qui s’étend jusqu’au toit est appelé hnab toen. Au-dessus de la porte de la chambre à coucher, il y a un linteau décoratif remarquable appelé hum yon. Un poteau situé à côté de l’escalier d’entrée s’appelle sao laeng mah, l’endroit habituel pour attacher les chiens qui gardent la maison.

Cette maison Kalae est construite à partir de poteaux et de poutres en teck. Les six paires de poteaux ont été lattées en forme octogonale. Ces poteaux supportent le poids de toute la maison. Les quatre murs s’inclinent vers l’extérieur au lieu de se redresser, afin d’augmenter l’espace pour les étagères à l’intérieur de la pièce. La caractéristique la plus remarquable d’une maison kalae est la présence de sculptures décoratives en bois ou kalae au sommet des pignons.

Contexte historique. Comme son nom l’indique, cette maison kalae appartenait autrefois à Oui Paad (grand-mère Paad), habitant Chomtong, au sud de Chiang Mai. On estime l’âge de la demeure a environ 80 ans. Entièrement en bois et d’une dimension de 7 mètres sur 12, la maison est considérée comme assez compacte. Cependant, la maison est surélevée de 48 pilotis, ce qui est un nombre inhabituellement élevé de pilotis pour une maison de cette taille. En décembre 2011, cette maison était considérée comme étant en bon état en raison des travaux de réparation continus depuis qu’elle a été transférée au Centre pour la promotion des arts et de la culture en 1993. Détails de cette maison (avec une vidéo).

Maison kalae – Heaun Phaya Wong

Heaun Phaya Wong. Cette autre maison kalae est composée de deux compartiments principaux qui partagent la même plate-forme. Chaque compartiment a des toits à pignon séparés. Entre les deux toits à pignon, il y a une gouttière en bois ou hang lin. Le couloir de transition sous cette gouttière est appelé hom lin. Les deux compartiments servaient de dortoirs à la famille élargie de Phaya Wong. Il y a un petit compartiment séparé à l’arrière pour la cuisine. La salle de bain a été construite à l’écart de la maison. La véranda couverte à l’avant, ou toen, est dotée d’une cloison en bois qui part du mur, appelée fah lab nang, pour donner un peu d’intimité aux femmes qui l’occupent pendant la journée. Elle a été très bien construite et n’a pratiquement pas été clouée. L’espace sous le pignon est haut sans plafond sous la structure du toit. Ceci afin de faciliter la circulation de l’air à travers le toit. Au lieu d’un plafond, il y a une étagère en bois ou un kwan pour stocker des objets tels que des nam ton (récipients d’eau en terre cuite). Au niveau du plafond, il y a également un kua yan pour donner des points d’appui lors de la réparation du toit.

La zone de couchage est séparée de la véranda avant par un mur continu allant du sol à la pointe du pignon appelé nab toen. Les portes des chambres peuvent être verrouillées de l’intérieur par un loquet appelé saew. Au-dessus de la porte de la chambre à coucher, il y a un linteau décoratif remarquable appelé hum yon. Sous la porte, il y a un seuil en bois, ou khom tu.

Le plancher est constitué d’une bande de planches larges et épaisses appelée pan tong. Ces planches, qui sont soutenues par un poteau à mi-portée appelé sao pok, aident à stabiliser la structure du plancher. Comme elles sont distinctes des planches normales, elles servent également de chemin solide pour marcher pendant la nuit car elles font moins de bruit. Le système de poteaux et de poutres de cette maison kalae est construit en bois de teck. Les poteaux ont été taillés en forme octogonale. Chaque compartiment principal et la terrasse avant utilisaient six paires de poteaux – à l’exception des poteaux du milieu. Les poteaux de soutien des murs sont traversés par des poutres appelées waeng qui soutiennent les solives qui, à leur tour, soutiennent les planches de bois. Sur les pignons avant et arrière, il y a des poteaux au milieu du pignon qui supportent la poutre supérieure appelée pae jong. Au sommet des poteaux qui ne supportent pas les pignons, on trouve des tang yo (chevrons du pignon supportant un système de tuiles).

L’angle du toit est d’environ 45 degrés pour permettre l’évacuation rapide des eaux de pluie. Le bord prolongé du toit est soutenu au niveau des poteaux par un solide yang kam. Sous les murs avant et arrière des pignons, il y a des ngab, des toits allongés pour protéger l’avant et l’arrière de la maison contre la pluie et le soleil. Le mur pignon est normalement constitué d’un panneau de bois composite appelé fa ta pa. Les murs avant et arrière du pignon sont à angle droit avec le sol, tandis que les murs sont inclinés vers l’extérieur pour créer des espaces supplémentaires à l’intérieur de la maison. Cette disposition des murs inclinés permet également de soutenir la structure du toit. Le mur est fait de planches de bois verticales appelées pan lan, avec des lattes couvrant les espaces entre les planches.

La maison est grande et surélevée par rapport au sol sur des pilotis pour obtenir une légèreté de forme et de belles proportions. À travers une forme nette et cohérente, la relation entre la masse, les plans et les espaces intérieurs et extérieurs fait toute la beauté de cette maison kalae.

Contexte historique. Cette maison appartenait à l’origine à Phaya Wong, un descendant d’une des familles aristocratiques de Lamphun qui vivait dans le district de Pasang, à Lamphun. La maison a été construite par son beau-fils, Phaya Ud, également chef d’un autre sous-district de Pasang vers 1890. La maison a été utilisée par la famille pendant trois générations avant d’être vendue, puis démantelée et reconstruite dans le temple de Suwanavihara à Lamphun. La maison a ensuite été vendue à M. Harry Wong puis offerte à l’Université de Chiang Mai en 1998 par la Fondation du Dr Winit-Khunying Pannee Winitnayapak qui a également soutenu sa reconstruction. Détails de cette maison (avec une vidéo).


Maison Tai Lüe – Heaun Mon Tood ou Heaun Oui Tood

Heaun Mon Tood ou Heaun Oui Tood est considéré comme une maison en bois de taille moyenne. Tout comme une maison kalae, cette maison Tai Lüe comporte deux compartiments avec une large véranda à l’avant. La terrasse, agrémentée d’une petite étagère en bois pour un pot en terre cuite d’eau potable, est reliée à la véranda. Le plus grand compartiment sert de zone de couchage, tandis que le plus petit sert de cuisine. Il n’y a pas de salle de bain dans la maison.

Entièrement construite en bois de teck et avec des dimensions de 7 mètres sur 12, la maison est considérée comme assez compacte. Cependant, la maison a été surélevée de 48 pilotis par rapport au sol, ce qui est un nombre inhabituellement élevé pour une maison de cette taille. Les poteaux sont en forme d’octogone et ont été perforés afin de supporter des poutres pour supporter le poids. Au niveau du plafond, il y a des kua yan ou entretoises qui aident à renforcer la structure du toit et servent également de point d’appui lors des travaux sur les tuiles du toit. Il n’y a pas de linteau décoratif (hum yon) au-dessus de la porte de la chambre à coucher,

Contexte historique. Oui Tood ou Mon Tood (arrière grand-mère Tood) était un descendant Tai Lüe vivant dans le district de Doi Saket, à l’est de Chiang Mai. La maison a été construite en 1917 par son mari, Por Noi Luang, à partir de bois collecté dans de nombreuses vieilles maisons alentour. Ajarn Sirichai Narumitrekhakan a acquis la maison mais le déménagement n’a commencé qu’après le décès de Mon Tood, à l’âge de 107 ans, deux ans plus tard. Le déplacement de l’édifice au Centre pour la promotion des arts et de la culture en 1993 a été soutenu par la Fondation Chumbhot-Pantip. Détails de cette maison (avec une vidéo).


Maison du nord thaïlandais – Heaun Oui Kaew

Heaun Oui Kaew. Cette maison de style traditionnel Lanna a été construite après la Seconde Guerre mondiale, principalement en bois dur. Elle a des pignons jumeaux avec une gouttière (ou hom lin) reliant l’extrémité des toits entre les deux pignon; l’avant et l’arrière de la maison sont reliés par une véranda. La structure et la disposition des maisons de cette période ont été héritées des maisons traditionnelles du Lanna, comme la hutte en bambou ou la maison tub mai bau et kalae. Une différence notable est l’escalier qui ne mène plus directement à l’avant de la maison. La terrasse n’a que la moitié de la largeur de la maison et est fermée par des cloisons en bois pour plus de sécurité.

La Heaun Oui Kaew mesure 7 mètres de large sur 10 mètres de long et n’est surélevée que d’un mètre par rapport au sol, ce qui la fait paraître assez petite. La construction est composée de piliers et de poutres pour supporter le poids de la maison. Des clous ont été utilisés afin d’accélérer le processus de construction. Un mur coulissant ou fha lai, très populaire à cette époque, a été utilisé à de nombreux endroits pour faciliter la ventilation. En utilisant des tuiles de ciment plus grandes, la pente du toit n’était donc pas si raide.

Contexte historique. Heaun Oui Kaew a été construite pendant la Seconde Guerre mondiale, juste à l’extérieur de la ville de Chiang Mai qui est entourée d’eau. Elle appartenait à Oui Kaew (grand-mère Kaew) et à Oui In (grand-mère In). Ajarn Vithi Phanichphant, avec le soutien de l’université Seika de Kyoto, au Japon, a acheté cette maison en 1987, avant qu’elle ne soit démolie. Oui In (grand-mère In) a déménagé dans une nouvelle maison mais Oui Kaew a choisi de continuer à vivre dans sa maison bien-aimée jusqu’à sa mort. La maison a été démontée et reconstruite au Centre pour la promotion des arts et de la culture de l’université de Chiang Mai en 1997. Détails de cette maison.


Maison populaire de Mae Taeng

Maison populaire de Mae Taeng. Adaptée du style des maisons traditionnelles, cette maison se compose de deux compartiments principaux avec des pignons jumeaux. Principalement faite de bois dur, elle est surélevée par rapport au sol grâce au système de poteaux et de poutres, avec des escaliers à l’avant et à l’arrière de la maison. Le toit en tuiles de terre cuite se prolonge à l’avant et couvre à la fois la véranda et la terrasse. La plate-forme de la chambre a été surélevée pour séparer la zone de couchage plus privée de la véranda.

Contexte historique. La maison a été construite en 1917 à Ban Pa Phai, Chor Lae, district de Mae Taeng, au nord de Chiang Mai. Elle a appartenu à Noi Ping et plus tard à Mme Kan Takham. La maison a été transférée, avec le soutien de la Fondation Chumbhot-Pantip, au Centre pour la promotion des arts et de la culture de l’Université de Chiang Mai en 2008. Détails de cette maison (avec vidéo).


Maison pan-ya – Heaun Anusarn Sunthorn

Heaun Anusarn Sunthorn.

Ici au nord, le style pan-ya3 a été influencé par le style colonial apporté par les missionnaires, les négociants en bois anglais et les gouverneurs de Bangkok. Ce style est une adaptation du style européen pour s’adapter aux conditions locales de chaleur et d’humidité. Grâce aux progrès technologiques, la coupe et le tournage sont devenus beaucoup plus faciles. Les poteaux, poutres et murs carrés étaient plus faciles à fabriquer et leurs surfaces plus lisses. Les clous, les écrous et les boulons étaient largement utilisés, ce qui permettait d’assembler rapidement des pièces de bois. L’aménagement de l’espace dans la maison est également inspiré du style européen. L’utilisation de meubles nécessite plus d’espace, c’est pourquoi le toit est large et couvre toute la surface de la plate-forme disponible. La véranda a été utilisée pour relier les pièces et servir également de zone de repos. La zone centrale de la maison remplit les principales fonctions.

Les maisons de style pan-ya ne mettent pas l’accent sur la décoration mais plutôt sur la simplicité. Cependant, des adaptations ultérieures ont ajouté quelques détails délicats comme des panneaux de bois perforés, adoucissant un brin le côté rude. Les piliers de style colonnade donnent également au style plus de légèreté.

Contexte historique. Luang Anusarn Sunthorn et sa femme Khamtieng ont construit cette maison pour leur fils, MD Yong Chutima, en 1924. Elle a été cédée par les descendants de Luang Anusarn Sunthorn au Centre pour la promotion des arts et de la culture en 2004. Là aussi, le transfert a été soutenu par la Fondation Chumbhot-Pantip. Détails de cette maison (avec vidéo).


Les greniers à riz (หลองข้าว, long khao)

Grenier à riz ou long khao, Sarapee

Long khao, Sarapee. Contexte historique. À l’origine, ce grenier à riz a été construit en 1907 par Por Toh et a ensuite été acheté par Por Muengjai Thongkamma de Ban Sanklang, dans le district de Sarapee, au sud de Chiang Mai. Le bâtiment de bois possède huit grands piliers, le compartiment de stockage au centre étant entouré d’un balcon sur tous les côtés. En 2008, le professeur Dr Hans-Jurgen Langholz et sa femme, Dr med. Dr phil. Agnes Langholz en ont fait un don à l’Université de Chiang Mai. En vous promenant dans la campagne de la province de Chiang Mai, vous pourrez voir de nombreux greniers à riz similaires.

Grenier à riz (long khao)

Bâtiments vernaculaires du Lanna, les greniers à riz étaient généralement fait de bois dur, gage de résistance et de durabilité. Habituellement, on utilisait le tronc entier comme poteaux pour les supports verticaux. Les poteaux sont légèrement inclinés vers l’intérieur pour mieux supporter les charges. Il y a des poutres appelées wang, des solives et des planchers en bois – la même structure que l’on trouve dans les maisons.

Il n’y a pas d’escalier; seule une échelle appelée kern est utilisée en cas de besoin. Les murs sont assemblés à partir de planches de bois verticales de l’intérieur sur des cadres en bois. Il n’y a pas de fenêtre, sauf une ouverture pour charger et décharger le riz. Les structures des murs sont similaires à celles que l’on trouve dans les maisons. Habituellement, ils étaient assemblés séparément sur le sol et mis en place après que toutes les autres parties de la maison aient été construites. Les panneaux muraux sont reliés par des boulons en bois. La structure du toit est également similaire à celle des maisons, avec un toit à un seul niveau. Cependant, ce grenier-ci a un toit à deux étages. L’étage supérieur présente une pente plus importante. L’étage inférieur a une pente plus faible avec des surplombs de tous les côtés, ce qui donne au toit un aspect délicat. Les tuiles d’origine étaient en argile ou en terre cuite (din kor), avec une décoration de type nga sur le pignon. On trouve encore ce style de grenier à grains dans les zones rurales du Lanna, notamment dans les districts de Sanpatong et de Mae Chaem.

Grenier à riz laohawat
Grenier à riz, Pasang (Nandakwang)

Cette grande grange à riz appartient à la lignée de la famille Nandakwang et était à l’origine située dans le district de Pasang, dans la province voisine de Lamphun. Les deux côtés de ce grenier à riz, à l’avant et à l’arrière, nah jua (la forme triangulaire sous le toit), sont décorés d’un motif de paon en bois raffiné. Les escaliers à l’avant et à l’arrière ont été adaptés de la structure originale de la grange à riz en y ajoutant un escalier permanent qui, à l’origine, utilisait l’échelle temporaire pour monter et descendre à chaque fois. En se basant sur son architecture originale, on estime que ce grenier à riz doit avoir entre 150 et 170 ans. Mme Sopa Muangkrajang (Nandakwang), propriétaire de l’édifice, en a fait don à l’université de Chiang Mai. Détails de cette maison.

C’est là la présentation détaillée de tous les bâtiments que vous pouvez admirer sur le site du musée des maisons traditionnelles du Lanna. Un musée dont nous vous conseillons vivement la visite.

In fine, prenez connaissance du regard d’un amoureux du Lanna, Jean de la Mainate, infatigable animateur du site Merveilleuse Chiang Maï. Il vous présente ce musée en deux parties, première et seconde partie, à son inimitable façon.


1 La source des informations publiées n’est autre que le site web du Centre pour la promotion des Arts et de la Culture, Université de Chiang Mai (CMU).
2 Le restaurant Chocolate Factory s’est installé en juillet 2018 mais son exploitation n’a hélas pas fait long feu ! La maison même, cœur du centre commercial, est donc pour l’heure fermée.
3 Le style pan-ya est d’influence indo-malaise; il se caractérise par un toit en croupe (type de toiture qui, côté pignon, est triangulaire en un ou deux pans inclinés dont un est un triangle et l’autre un trapèze).
4 C’est là un article original du magazine anglophone Citylife : Spotlighting the classic homes of Sanpatong

Source de l’image à la une : affiche recadrée de l’édition 2018 © Centre pour la promotion des Arts et de la Culture, CMU. Article composé le 28.11.2019 mis à jour le 05.12.2020.

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Lanna Expo 2019 – L’âme du Lanna qui s’exhibe

LANNA EXPO. En tant que touriste de passage, ce serait vraiment dommage de passer à côté de cet événement annuel se déroulant généralement en juin 10 jours durant ! Les expatriés et les locaux le savent, la Lanna Expo permet de tutoyer l’âme du Lanna, du nom de cet ancien royaume du nord, annexé par le Siam. Tout ce que la région a de meilleur est exposé ici. Les arts et la culture y ont une place prépondérante. Et c’est la raison pour laquelle nous vous conseillons chaudement de vous y rendre, rendez-vous d’autant plus idéal si la journée est pluvieuse. Tous les détails dans cet article.

Crise du Covid-19 oblige, la Lanna Expo 2020 a été repoussée. La prochaine édition de la Lanna Expo aura lieu du 18 au 27 septembre 2020 😃


Lanna Expo – Tous les détails pratiques

Il s’agit donc d’une grand rendez-vous régional regroupant diverses foires et expositions et impliquant quatre provinces du nord : Chiang Mai, Lampang, Lamphun et Mae Hong Son. En plus des foires aux nombreux stands et des expositions elles-mêmes, quantité d’animations sont au programme, que ce soit des présentations et autres concerts sur la grande scène (une petite partie du programme), ou encore du folklore local sur d’autres plus petites scènes. Avec un grand show d’ouverture. Que vous soyez touriste ou résident, ne manquez pas cette nouvelle édition de la Lanna Expo (chaque année, ce sont près de 400’000 visiteurs qui y viennent).

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© Facebook – Ninew Nana

LANNA EXPO 2019 – RENSEIGNEMENTS PRATIQUES

❖ Durée : 10 jours, du vendredi 28 juin au dimanche 7 juillet 2019.
❖ Horaires : tous les jours de 10h à 20h (jusqu’à 21h les samedi et dimanche).
❖ Entrée gratuite.
❖ Transports :
▻ Navette gratuite (minibus rouges munis des panneaux violets « Lanna Expo »), de 10h à 19h, depuis les centres commerciaux suivants : MAYA (เมญ่า), Central Festival (เซ็นทรัลเฟสติวัล), CentralPlaza Airport (เซ็นทรัลพลาซา) et enfin le grand marché Warorot (kad luang, ตลาดวโรรส-กาดหลวง), près de la rivière Ping.
▻ Nouveau cette année : bus gratuit du réseau public RTC Chiang Mai city bus (détails sur l’image ci-dessous).
❖ Emplacement de la foire : CMECC – Chiang Mai International Exhibition and Convention Centre (sur la route du Canal, au nord de la ville, ศูนย์ประชุมและแสดงสินค้านานาชาติ เชียงใหม่). Site web et page Facebook du centre.
❖ Un événement organisé par la Chambre du Commerce (Chiangmai Chamber of Commerce, หอการค้าจังหวัดเชียงใหม่). Site web et page Facebook.

Page Facebook (@LannaExpo2019).
❖ Hashtags : #LannaExpo2019 (sur Instagram) et #LannaExpo (sur Instagram).
Bande-annonce (qui n’intéressa que les Thaïlandais).

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Thème de cette année

La Lanna Expo regroupe en fait plusieurs foires au sein du même écrin, l’immense centre d’exposition CMECC (Chiang Mai International Exhibition and Convention Centre), au nord de la ville. La devise de cette édition 2019 est : Mangez bien et vivez agréablement en pays Lanna – Apportez de la valeur à l’ANASE (traduction libre, en thaï กินดี อยู่ดี วิถีล้านนา นำคุณค่าสู่อาเซียน).

ANASE ne vous dit peut-être rien, l’acronyme en version anglaise étant plus commun : ASEAN. C’est bien entendu l’association des 10 pays de l’Asie du Sud-Est. Rappelons que l’année dernière, la devise faisait référence à la thaïtude – ou thaïtitude, thainess en anglais – que l’on pourrait décrire comme le caractère distinctif de la population thaïlandaise et de sa culture unique (un concept difficile à résumer, vulgarisé ici par les érudits expatriés Alain et Bernard; celles et ceux désirant en savoir plus liront avec intérêt cet ouvrage).

La Lanna Expo permet donc de se frotter à la riche culture du Lanna (danses, chants et autre artisanat). Elle est annoncée par une conférence de presse. Le premier jour a lieu une cérémonie d’ouverture suivie d’un très beau spectacle folklorique. Cette année ce sera donc le vendredi 28 juin 2019, à 16h30. Les plus jeunes seront sur place dès 15h pour le mini-concert d’un groupe de 28 adolescentes dont on vous a déjà parlé ici (en fin d’article), BNK48.

Bandeau 1


Animations culturelles

En plus des foires et expositions détaillées ci-dessous, de nombreux ateliers agrémentent également la manifestation. Et il y a aussi des mini-concerts d’artistes célèbres, locaux et nationaux. Plusieurs scènes cohabitent; malheureusement, comme chaque année, il nous est très difficile d’obtenir le programme détaillé. On vous livre néanmoins ci-dessous le programme de la scène principale.

◉ JOURNÉE D’OUVERTURE – VENDREDI 28.06.2019
▻ 15h00 : mini-concert du groupe BNK (vidéo; leur page Facebook).
▻ 16h30 : cérémonie d’ouverture.
▻ 17h00 : spectacle folklorique Lanna. À NE PAS MANQUER !
Il vous est demandé de vous vêtir d’habits traditionnels du Lanna, idéalement jaune.

LannaExpo2019CoverArtistes

◉ Programme de la scène principale
❖ Samedi 29.06.2019 : mini-concert de Ice (Sarunyu Winaiphanit), un chanteur thaïlandais.
❖ Dimanche 30.06.2019 : mini-concert de Bell (Supol Phuasirirak), un chanteur thaïlandais lui aussi.
❖ Lundi 01.07.2019 : mini-concert de Por (Unnop Thongborisut), encore un chanteur thaïlandais.
❖ Mardi 02.07.2019 : mini-concert de Nong (Phinya Tangtrakul), un chanteur local (du Lanna donc) que vous pouvez retrouver sur Facebook.
❖ Mercredi 03.07.2019 : mini-concert de Nammin, un groupe de folk du Lanna.
❖ Jeudi 04.07.2019 : mini-concerts de Aom Ratanang; il s’agit d’une chanteuse locale, star ici dans le nord thaïlandais (elle prête de temps à autre son joli minois à la promotion d’événements culturels).
❖ Jeudi 05.07.2019 : mini-concert de Soontaree Vechanont, une fameuse chanteuse de la région.
❖ Samedi 06.07.2019 : mini-concert de New & Jiew (Napassorn Phuthornjai & Piyanut Suebjongpru), un duo féminin thaïlandais.
❖ Dimanche 07.07.2019 : mini-concert de Fai AF (Nattapat Wipatcorntragoon), chanteuse thaïlandaise.

Et l’on vous rappelle que les animations sont nombreuses sur les autres scènes de la foire. Laissez-vous donc surprendre !



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Lanna Expo 2019 – Au programme cette année

Cette foire est bien entendu une occasion en or pour les entreprises locales et régionales de faire leur promotion. Il y est question de nourriture, de santé, de produits agricoles et d’agriculture en général. Les domaines du travail et de l’éducation ne sont pas négligés (on parle ici au nord de Lanna 4.0 au même titre que le plan directeur Thailand 4.0). À l’extérieur, pléthore de stands vous offre une nourriture locale souvent méconnue.

Il n’y a pas moins de 16 zones différentes durant cette Lanna Expo 2019 ! La carte détaillée ci-dessous vous montre leur emplacement (vous retrouverez sur place des panneaux avec les lettres indiquées, de A à P).

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A. LANNA HANDICRAFT FESTIVAL

Exposition et vente d’artisanat et d’art contemporain du Lanna avec notamment la Lampang Ceramic & Handicraft Expo, soit une exposition sur la céramique venue de Lampang, la province voisine, réputée en la matière.

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L’artisanat des provinces du nord est réputé dans tout le royaume et même au-delà des frontières siamoises. Vous aurez l’occasion de rencontrer des maîtres artisans (ครูช่าง ครูศิลป์). La vidéo ci-dessous démontre les produits issus de leur savoir-faire.

B. NORTHERN THAILAND FOOD VALLEY

Qui n’apprécie pas la cuisine thaïlandaise ? Celle du Lanna en fait bien évidemment partie mais est bien différente de la conception que s’en font les touristes lorsque l’on évoque la cuisine thaïlandaise. Le khao soy (ข้าวซอย) est sans doute le plat le plus connu; il y a également la fameuse saucisse aux herbes sai ua (ไส้อั่ว), sans oublier moult produits OTOP (One Tambon One Product), une appellation d’origine contrôlée (AOC) ou protégée (AOP) à la sauce thaïlandaise. Découvrez d’autres produits alimentaires et boissons parmi les meilleurs à la Northern Food Valley grâce à des dégustations sur place. Y est intégré le Lanna Coffe Hub : le dynamisme des producteurs de café explique sans nul doute qu’il y ait presque plus de coffee shops que de 7 Eleven dans la Rose du Nord ! On vous en a déjà parlé dans cet article (Le café, grain de folie à Chiang Mai). Beaucoup d’acteurs s’évertuent à ériger Chiang Mai comme une cité du café : Chiang Mai Coffee City – เชียงใหม่เมืองกาแฟ.

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Northern Food Valley sur le web et sur Facebook (tout est pour l’heure en thaïlandais).
Lanna Coffee Hub sur Facebook.
Chiang Mai Coffee City – เชียงใหม่เมืองกาแฟ sur Facebook.

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C. OTOP (PRODUCTS)

On ne présente plus les produits OTOPOne Tambon One Product. Un concept qui promeut les produits locaux à travers tout le royaume. Ici, vous trouverez une partie des produits OTOP provenant des quatre provinces du nord : Chiang Mai, Lampang, Lamphun et Mae Hong Son (liste des exposants).

D. LANNA TRAVEL MARTLannaExpo2019LannaTravelMartCoverRecadrée

Produits de voyage de différentes gammes – du low cost au voyage haut de gamme – présentés par des agences et des offices de tourisme.

E. LANNA HEALTH FAIR (Health & Beauty zone)

Foire de la Santé et du Bien-Être en pays Lanna. Avec son Lanna Health Hub, auquel sont intégrés non seulement des prestataires de santé mais également des instituts universitaires de recherche, la région offre un bon niveau de soins. La médecine du Lanna partage avec la médecine chinoise son approche holistique; elle se concentre donc sur la prévention (avant que la maladie ne survienne). C’est dans cette optique qu’il faut considérer les bienfaits du massage du nord thaïlandais par exemple. On vous en reparlera un jour en détail.

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Une zone entière de la foire est réservée à la santé et la beauté (Health & Beauty zone), avec une compétition dédiée au massage les samedi 29 et dimanche 30 juin 2019. Tout ce qui compte en matière de massage thaïlandais et de bien-être sera ici présent. Une impressionnante cérémonie de wai khru est à chaque fois organisée par l’Association du massage thaïlandais de Chiang Mai. Elle réunit quantité de praticiens : les élèves – tout habillés de blanc – ayant été formés par leur maîtres ès santé leur rendent hommage avec déférence. Cette année, elle aura lieu le samedi 6 juillet 2019, dès 8h avec diffusion en direct sur Facebook.

Dans cette zone, vous pourrez bénéficier des conseils personnalisés prodigués par des thérapeutes d’horizons divers. Vous pourrez vous faire examiner médicalement par des médecins et thérapeutes provenant tant de la médecine moderne que de la médecine traditionnelle thaïlandaise. Seront aussi évoqués, entre autres sujets, les soins pour les personnes âgées et l’utilisation de la marijuana à des fins médicales.

Le Lanna Health Hub sur le web (tout est en thaï) et sur Facebook (avec une page hélas moribonde). En revanche, une page Facebook a été créée (mais tout est en thaï) : Lanna Health Fair 2019.

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À noter que l’exposition sera l’occasion de la remise des Chiang Mai Spa Awards 2019, Prix des meilleurs prestataires de bien-être de la Rose du Nord.

F. INNOLANNA

Innovation alimentaire du nord. Découvrez plus de 100 produits agricoles et autres produits alimentaires transformés dans la région du nord de la Thaïlande. Page Facebook Open Innovation 2019. Exemple avec ces 9 produits innovants tous conçus dans la région.

The Power of STI to InnoLanna : là ce sera l’innovation textile qui sera présentée sous le concept de « Tissu des quatre montagnes » rassemble la meilleure production textile du Lanna (exposition et vente).

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G. ‘HALAL ECONOMY ON SILK ROAD’

L’Économie halal sur la Route de la Soie, un concept organisé par le  Centre halal d’études scientifiques de l’Université Chulalongkorn, ici à Chiang Mai (événement FB et vidéo-clip). Une variété de produits halal, des échantillons gratuits de nourriture et de boissons, ainsi qu’une magnifique exposition sur la route de la soie. De plus, vous pourrez participer à des activités et gagner des récompenses à ramener chez vous !

Vous remarquerez que le Northern Halal SMEs est un hub commercial et industriel dynamique; site web et page Facebook. L’histoire de l’implantation de la communauté musulmane ici à Chiang Mai est par ailleurs fort intéressante; nous vous la conterons un jour…

H. FOOD TRUCKS

Nous n’avons hélas pas la liste précise des food trucks présents mais nul doute qu’il y aura là des membres du Food Truck Club-Thailand. À vous de les découvrir sur place et de vous régaler des mets cuisinés. On vous en donne un premier aperçu avec ces photos.

I. VÊTEMENTS TRADITIONNELS DU LANNA

La production des vêtements traditionnels du Lanna n’a pas à pâlir en comparaison internationale. Promenez-vous en ville et vous verrez des habitants vêtus de leurs habits traditionnels, souvent en coton. Ce sera bien sûr le cas de beaucoup d’exposants. Et si vous avez le temps de vous aventurer dans la campagne des provinces du Nord, vous verrez alors moult habits traditionnels différents. C’est souvent ce qui permet de distinguer les membres issus des diverses ethnies.

J. CONSULATS ÉTRANGERS À CHIANG MAI

Contrairement à l’année dernière, pas de Chiang Mai World Fair cette année. Elle avait vu pas moins de seize consulats actifs dans la Rose du Nord y prendre part, avec le Consul d’Australie à leur tête. En revanche, cette zone internationale permet des échanges artistiques et culturels grâce à la présence des représentants de différents pays. Occasion de découvrir les relations internationales entre le nord et des pays des cinq continents.

K. NOUVEAUX PRODUITS EN VEDETTE

Cette partie met en vedette des nouveaux produits issus du dynamisme des PME locales et régionales.

L. ROYAL PROJECT

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Pour la Fondation du Royal Project, cette foire est l’occasion de mettre en avant leurs produits (et accessoirement de les vendre). Nous avons consacré un article complet aux activités de cette fondation qui vient en aide aux membres des minorités ethniques. Le sujet est intéressant car il touche à l’amélioration de leurs conditions de vie, amélioration voulue et initiée par le défunt roi Bhumibol le Grand. Exemple avec la production régionale de fraises.

Et cette année, ne manquez pas la fort belle exposition « Pèlerinage des 9 temples au nom porte-bonheur » (tous situés dans la cité historique). Peut-être vous donnera-t-elle envie de l’effectuer réellement en ville et ainsi d’accumuler des mérites¹.

M. KHUANG PHAYA LANNA

Khuang phaya Lanna se traduit par grande place Lanna; l’endroit est animé par le Bureau culturel provincial de Lamphun, la province voisine. Et Lamphun est tout simplement la plus ancienne cité du Lanna, appelée jadis Haripunchai.

N. OTOP FOOD

Des stands de nourriture labellisée OTOP.

O. MARCHÉ LANNA « PRACHA RAT » 

Ce sont là les stands d’aide sociale de l’État destinés aux personnes à faible revenu.

P. LE LANNA SE DONNE LA MAIN DANS LE DÉVELOPPEMENT DE CARRIÈRE

Présentation du travail du Département de l’administration pénitentiaire (où il est question de réinsertion).


Et comme chaque année, la Lanna Expo invite les diverses communautés qui composent la région. L’année dernière, c’est la communauté locale du Wat Srisuphan qui a été mise en avant. Il s’agit des fameux artisans travaillant l’argent, ceux-là mêmes qui ont érigé le splendide Temple d’Argent, sis à Chiang Mai. Pas de zone dédiée cette année mais à travers les diverses expositions et les nombreux stands de la foire, vous serez confronté au mode de vie traditionnel du Lanna et pourrez rencontrer de nombreux artisans au savoir-faire séculier.

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Lanna Expo 2019 © Facebook – Chiang Mai Daily Update

Idem pour les membres des tribus du nord qui ne manquent jamais de venir à la Lanna Expo. Vous en rencontrerez dans les divers stands – faisant par exemple la promotion touristique de leur village – ou encore sur les scènes – où danses traditionnelles et musique peuvent être admirées. C’est sans nul doute l’endroit où vous rencontrerez le plus de représentants des nombreuses minorités qui peuplent tout le nord thaïlandais, Hmong, Karen, Lahu, Lisu et autres Tai Lüe. Les fameuses femmes-girafes du village touristique tout proche sont également souvent de la partie.


When we change the world changes. C’est sous ce concept que Brahma Kumaris organise des conférences quotidiennes sur le site même de la Lanna Expo. Sauf que Brahma Kumaris – installé à Chiang Mai comme un peu partout dans le monde – est considéré comme un mouvement sectaire en Europe…

Ce riche programme vous permet de passer quelques heures à la Lanna Expo. Entre les expositions, les animations et le repas (à l’extérieur, pléthore de stands vous offre une nourriture locale souvent méconnue), le temps s’écoulera rapidement. Allez-y donc les yeux fermés et vous saurez ensuite pourquoi le Lanna nous ravit. Un ravissement que l’on partage à travers notre site qui aime à promouvoir les arts et la riche culture du Lanna. Notre page Facebook vous donne plus d’informations au quotidien.

On vous quitte avec ces deux joyeux lurons qui devraient vous donner envie de vous déplacer jusqu’au centre d’exposition afin de participer vous aussi à la Lanna Expo 2019 et, qui sait, y rencontrer l’âme authentique du Lanna… La vidéo dévoile une partie de l’ambiance de cette foire; il s’agit en l’occurrence de l’édition de l’année 2017.

Sawat dee jao (ce sont là les salutations dans la langue du Nord) 😁


¹ Sur cet important concept cher aux Thaïlandais, l’on vous invite à lire l’interview d’un grand spécialiste des religions, Odon Vallet, reproduite dans notre article Wat Ton Kwen à Chiang Mai. Offrande de riz et feu en l’honneur du Bouddha.

Article composé le 28.06.2019 et mis à jour le 05.07.2019.

Khruba Siwichai, le saint homme de Chiang Mai, ô combien vénéré

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Khruba Siwichai © Facebook – Lanna

Khruba Siwichai1. Prononcez ce nom ici en pays Lanna et vous verrez les yeux de votre interlocuteur briller de mille feux. Ce moine bouddhiste, disparu il y a plus de 80 ans, est sans nul doute l’homme le plus vénéré dans le nord thaïlandais, particulièrement dans les provinces de Chiang Mai (où il a vécu) et Lamphun (où il est né). Et connu dans l’ensemble du royaume de Thaïlande. Lors de votre passage dans la Rose du Nord, vous le verrez forcément représenté sous forme de statue, que ce soit dans un temple ou dans l’espace public. Et vous aurez visité plusieurs temples sans même savoir que leur chedi contient une de ses reliques. Attention à ne pas confondre ce moine avec le légendaire Phra Upakut – lui aussi présent en de nombreux temples – dont les apparitions nocturnes sont scrutées par les gens du Lanna…

Le nom de Siwichai est indissociable du fameux temple du Doi Suthep. Nous reviendrons un jour sur l’ensemble des 14 sites où ses reliques reposent, principalement des temples bouddhistes, et développerons la brève biographie figurant en fin d’article. Mais l’objet de ce dernier est de vous indiquer quelles sont les célébrations publiques en lien avec Khruba Siwichai, des célébrations auxquelles on ne peut que vous inviter à participer. Vous vous rendrez alors compte de la vénération dont est l’objet feu ce saint homme. En y participant, ce sera pour vous l’occasion de découvrir des cérémonies religieuses parfumées d’authenticité où sa mémoire est honorée. Ici, pas de tourisme à outrance ! Trois dates vous permettront de vivre les festivités en lien avec Khruba Siwichai : le 30 avril, un jour du mois de mai et le 11 juin.

PROCHAINES FESTIVITÉS
➥ mardi 30 avril 2024 : commémoration de la route menant au Doi Suthep (post et 2 albums-photo, ici et ;
mardi 21 mai 2024 : pèlerinage vers le temple du Doi Suthep;
➥ lundi 10 & mardi 11 juin 2024 : commémoration de la naissance de Khruba Siwichai (l’on vous en parle ici)

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30 avril – Inauguration de la route menant au Doi Suthep

C’est l’une de ses grandes réalisations, l’édification d’une route moderne permettant aux dévots bouddhistes de rejoindre plus facilement le site le plus vénéré du nord thaïlandais, le Wat Phra That Doi Suthep Rat Wora Wihan, soit le temple au haut du Doi Suthep, montagne tutélaire de Chiang Mai. Il faut savoir qu’avant la construction de dite route, ce ne sont pas moins de cinq heures de marche dans une forêt dense qui étaient nécessaires pour rejoindre le temple sacré; aussi, les personnes de santé faible ne pouvaient se permettre l’ascension.

C’est un homme d’affaires d’origine chinoise, Chin Ngow, qui a conduit Khruba Srivichai en haut de la montagne, avec sa propre voiture. Khruba Siwichai était assis derrière lui et Luang Sri Prakad, maire de Chiang Mai, les accompagnait. La voiture, une Ford, est exposée au musée Khruba Siwichai à Wat Ban Pang, à environ 100 km au sud de Chiang Mai (photos de Frans Betgem, inlassable arpenteur de l’histoire de Chiang Mai).

Grand-père Oui Noi, alors qu’il était novice, a participé à la construction de cette route. Âgé de 101 ans et vivant à Lamphun, il s’en souvient encore, en parlant avec émotion et exhibant des photos d’archives (c’est le moinillon assis sur la voiture; la photo, datant du 30 avril 1935, a été colorisée).

Ainsi, chaque 30 avril est l’occasion de commémorer l’ouverture de la route du Doi Suthep, inaugurée en 1935. À noter que, de nos jours, une nouvelle route plus large y mène (ce qui explique que la route Suthep actuelle en ville de Chiang Mai n’est plus celle qui mène à la montagne). Les photos d’archives de cette construction épique peuvent être admirées au pied du temple, là où se trouve l’entrée du petit funiculaire, sur votre droite avant les 310 escaliers donc. Si vous prévoyez de visiter le temple ce jour-là, voilà ce que vous risquez d’y voir :

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Généralement en mai – Pèlerinage nocturne du Doi Suthep2

Ce pèlerinage est indirectement relié à Khruba Siwichai. Il a lieu le jour précédent le Vesak, plus importante fête du bouddhisme théravadin (cet année, les festivités sont programmées pour le mardi 21 mai 2024). Ce sont des dizaines de milliers de dévots qui se lancent dans l’ascension nocturne du Doi Suthep – il leur faudra entre trois et quatre heures de marche afin d’arriver au temple, perché là-haut à 1676 mètres. Le départ du pèlerinage se fait depuis le sanctuaire dédié à Khruba Siwichai (อนุสาวรีย์ครูบาศรีวิชัย), au pied de la montagne. Un sanctuaire très animé tout au long de l’année – et plus encore ce soir-là. Cette nuit est aussi l’occasion pour les pèlerins d’honorer la mémoire du saint homme qui s’est battu afin de rendre plus accessible ce temple sacré.

Si vous avez le courage de rejoindre le temple du Doi Suthep à pied, vous mêlant aux locaux, ce sera là sans doute un souvenir impérissable que vous garderez de Chiang Mai. Vous saurez tout de cet événement en lisant l’article que nous lui avons consacré : Pèlerinage annuel nocturne du Doi Suthep.


11 juin – Date de sa naissance et principales célébrations en son honneur

Khruba Siwichai est né le mardi 11 juin 1878 dans la province de Lamphun. C’est donc tout naturellement dans cette province voisine de Chiang Mai que les célébrations les plus importantes ont lieu. On vous les livre ci-dessous par ordre d’importance. Attention, elles commencent, pour certaines, le jour précédent, le 10 juin.

Wat Doi Ti, à Lamphun

Depuis Chiang Mai, en empruntant la route no 11 qui rejoint l’axe autoroutier principal menant à Bangkok (l’autoroute no 1), impossible pour vous de ne pas voir l’imposante statue de Khruba Siwichai, dont le visage est souvent agrémenté naturellement d’immenses nids d’abeilles ! C’est là que se situe le Wat Doi Ti (วัดดอยติ), un temple bouddhiste portant le nom de cette petite colline qui vous offre une magnifique vue sur toute la vallée avec, au loin, la chaîne de montagnes Khun Tan. Vous avez peut-être déjà entendu parler de ce temple en raison du magnifique spectacle que représente le lâcher géant de lanternes célestes durant le Loy Kratong. Et c’est précisément ce temple qui organise la plus belle célébration en mémoire de son saint patron.

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Programme de l’édition 2019

Un événement qui se déroule sur deux jours, lundi 10 et mardi 11 juin 2019, ayant comme concept cette année : Où Khruba est allé, nous irons aussi. La grande journée commémorative est fixée à mardi 11 juin puisqu’elle marque le jour-anniversaire du vénérable Khruba Siwichai ! En voici le programme :

► LUNDI 10.06.2019 – Une journée qui permet d’accumuler des mérites

  • 13h : compétition de tambours sabatchai (สะบัดชัย, c’est ce type de tambours).
  • 14h : concours de prières charismatiques; sera récitée บารมี ๓๐ ทัศ (barami samsip that, qu’on peut traduire par Les 30 visions prestigieuses); c’est cette prière-ci, écrite par Khruba Siwichai, et ça ressemble à ça.
  • 18h : récitation commune de la prière Les 30 visions prestigieuses.

► MARDI 11.06.2019 – C’est la grande journée de commémoration

En matinée :

  • 07h00 : offrandes matutinales à 19 moines bouddhistes
  • 08h00 : spectacle historique son & lumière contant la vie de Khruba Siwichai
  • 09h30 : cérémonie religieuse Thaksina Nuprathan avec 30 moines bouddhistes
  • 10h00 : bain rituel du reliquaire (กู่, ku) de Khruba Chao1 Siwichai (song nam ku)
  • 10h45 : spectacle historique son & lumière contant la vie de Khruba Siwichai
  • 11h00 : offrande de nourriture aux moines
  • 11h30 : repas en commun (et c’est gratuit)

En soirée (c’est là que vous pourrez admirer de magnifiques danses traditionnelles du Lanna) :

  • 17h00 : grande parade en 4 parties : parade Doi Khamam, parade des 7 districts, parade Kanchan et parade Dharma Yat. Le départ se fait depuis le Centre en cas de catastrophes du sous-district de Pa Sak, l’arrivée est attendue au temple vers 17h30.
  • 18h00 : cérémonie d’ouverture.
  • 18h45 : cérémonie religieuse (offrande de nourriture et sacrifice en l’honneur de Khruba Chao Siwichai).
  • 19h00 : la grande statue de Khruba Chao Siwichai sera recouverte d’une nappe et un bain rituel effectué.
  • 19h30 : spectacle Nantapri Nanatleela Lanna en l’honneur des 141 ans de la naissance de Khruba Siwichai, avec la présence des tambours du Lanna.

Contrairement à l’année dernière, il n’y aura pas de marché local à l’ancienne (กาดมัว, kat mua). Quoi qu’il en soit, ne manquez pas la splendeur offerte par cet événement étalé sur deux jours, d’autant que Lamphun n’est pas très loin de Chiang Mai (un peu plus de 30 minutes de route, voir ci-dessous). Un événement tant religieux que culturel – difficile de faire la différence entre ces deux notions souvent entremêlées en Thaïlande.

Si vous vous rendez au Wat Doi Ti, excentré, vous ne manquerez alors pas de faire une visite du Wat Phra That Hariphunchai, temple au cœur de la ville de Lamphun (lire ci-dessous). En revanche, et là-aussi contrairement à l’année dernière, pas d’activité particulière liée à Khruba Siwichai dans ce temple cette année-ci.

Le Wat Doi Ti (วัดดอยติ)
Page Facebook (pas de site web à notre connaissance)
Un temple que nous présente le siteTemple-Thaï.com
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Emplacement

Mise à jour : on vous offre ci-dessous l’ensemble du spectacle 2019 filmé en direct par TV Lampang :


Wat Chamma Thewi, à Lamphun

À l’ouest de la ville de Lamphun se trouve une perle architecturale, le temple Chamma Thewi (วัดจามเทวี) – que les habitants du coin appellent le Wat Ku Kut (วัดกู่กุด) – et ses deux anciens chedi. Parmi ces deux, le chedi Mahabol est l’un des derniers témoins survivants de l’architecture môn Dvaravati en Thaïlande. Relativement bien conservé, vous le reconnaîtrez facilement de par sa construction pyramidale. L’endroit porte le nom de la souveraine fondatrice d’Haripunchai, le nom premier de Lamphun : Chamadevi (พระนางจามเทวี). Ses cendres y ont été déposées.

Et c’est le lieu, bucolique, où est organisée, mardi 11 juin 2019, une cérémonie religieuse pour rendre hommage aux reliques de Khruba Siwichai. En voici le programme :

  • 07h00 : offrandes de nourriture à 19 moines;
  • 09h30 : cérémonie bouddhiste avec psalmodie d’un sermon en présence de 30 moines (en référence à la prière composée par le Vénérable, voir ci-dessus);
  • 10h45 : cérémonie religieuse de respect.

Sur place, vous verrez une exposition des diverses étapes de la vie de Khruba Siwichai. Le folklore du Lanna sera de la partie; vous avez là quelques photos avec, en titre, l’ancienne écriture du Lanna. On annonce la présence du gouverneur de la province.

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Ces cérémonies sont l’occasion de préserver les traditions culturelles du Lanna ©  Chiang Mai News

Le Wat Chamma Thewi (วัดจามเทวี), appelé communément Wat Ku Kut (วัดกู่กุด)
Page Facebook (pas de site web à notre connaissance)
Avis TripAdvisor
Emplacement


Wat Phranon Mee Pukha, à San Kamphaeng

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On vous a déjà parlé de ce ravissant temple perdu dans la campagne à l’occasion d’une exposition d’ombrelles typiques du Lanna. Comme c’est un endroit sacré qui abrite des reliques de Khruba Siwichai – de même qu’une grande statue du vénérable à l’entrée, immanquable – c’est tout naturellement que le temple organise lui aussi une fête à l’occasion de son jour-anniversaire. Et cette année, les festivités prendront une tournure exceptionnelle puisqu’une paire de statues de lions-gardiens (phaya singh luang) sera livrée par un cortège ayant marché deux kilomètres jusqu’au temple, en tirant à mains nues les deux statues !

La parade démarre mardi 11 juin 2019, à 15h, au carrefour de Bo Sang (le village des ombrelles), et arrivera au Wat Phra Pan (ou Wat Phranon Mee Pukha), deux kilomètres plus loin.

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L’expression thaïlandaise singh (lion) vient de simha; on rencontre le terme singh dans les noms de plusieurs personnages illustres de l’histoire du royaume. En savoir plus sur la symbolique des lions gardiens de temples asiatiques avec l’historien Cosimo Nocera, guide au Musée national de Bangkok et animateur du site fort instructif Usus Mundi.

Au surplus, notre article Un temple où repose un Bouddha couché à l’ombre des ombrelles vous en dit plus sur le Wat Phranon Mee Pukha, vous dévoilant moult autres adresses alentour pour qui veut s’y rendre.

Le Wat Phra Pan (วัดพระป้าน) ou Wat Phranon Mee Pukha (วัดพระนอนแม่ปู๋คา)
Page Facebook du temple (pas mise à jour), de l’organisation religieuse qui y est reliée (animée aléatoirement) et enfin de Nan Louang, un moine qui est plutôt actif. Vous pourrez voir des photos récentes sur la page FB du lieu, sur Instagram et sur Twitter (hashtag #วัดพระนอนแม่ปูคา).
Pas de site web à notre connaissance
Ne semble pas figurer sur TripAdvisor
Emplacement

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Impressionnant cortège accompagnant les deux lions gardiens © Facebook – สันกำแพง เมืองคนงาม

Mise à jour : ces photos aériennes vous permettent d’imaginer le très beau spectacle offert par cette cérémonie unique (à laquelle nous avons participé). C’est bel et bien la traction humaine qui a déplacé ces deux immenses statues ! Quel n’a pas été notre étonnement à la vue de ces centaines de dévots tirant à mains nues sur deux très longues cordes afin que les lions gardiens atteignent leur emplacement définitif.


Sanctuaire Khruba Siwichai, au pied du Doi Suthep, à Chiang Mai

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C’est en silence qu’arrive matutinalement la file orangée © CM77.com

Ce sanctuaire, situé au pied de la montagne tutélaire de Chiang Mai et qui s’étend d’année en année, est un arrêt obligatoire pour tout dévot bouddhiste qui visite le temple  du Doi Suthep, au haut de la montagne. Il est dédié à l’homme grâce à qui 20 minutes de route seulement permettent de déposer son offrande dans ce qui est le temple le plus vénéré du nord de la Thaïlande. Et dire qu’il fallait naguère cinq heures de marche dans une forêt épaisse… On vous dit ci-dessous pourquoi Khruba Siwichai est autant vénéré. Une vénération qui peut facilement s’observer dans ce sanctuaire qui reçoit les fidèles chaque jour de l’année, que ce soit en matinée, en journée ou en soirée (et chaque période de la journée a son ambiance particulière). Les fleurs s’achètent dans les stands juste en face afin d’en faire offrande. Un lieu apprécié de toute la population comme des Miss qui ne manquent jamais de s’y faire photographier.

C’est donc ce sanctuaire dédié à Khruba Siwichai (อนุสาวรีย์ครูบาศรีวิชัย), au pied de la montagne, qui voit traditionnellement marcher silencieusement aux aurores, le 11 juin de chaque année (vers 6h du matin), des dizaines de moines à la robe orange recevant les offrandes des dévots.

En raison de l’arrivée d’un nouvel abbé supérieur, nous n’avons pas pu obtenir le détail de la cérémonie de cette année mais elle nous a cependant été confirmée. L’an dernier, ce ne sont pas moins de 219 moines qui ont reçu les offrandes matutinales des fidèles; photos et vidéo :

Précisons encore que c’est tous les matins qu’un tel cérémonial a lieu à cet endroit (mais pas avec autant de moines, ce qui n’enlève rien à son authenticité). Par ailleurs, notre partenaire, le Swiss-Lanna Lodge, vous propose un circuit exclusif, accompagné de Khun Wet, ancien moine ayant enseigné huit ans durant à l’université bouddhique du Wat Chedi Luang, un circuit qui vous permet de participer aux aumônes matutinales du Wat Phra That Doi Suthep, au haut de la montagne. Une singulière cérémonie en compagnie de quelques courageux dévots, juste après le lever du soleil. Mais alors, il faut vous lever tôt : départ à 5h du matin ! Consultez les détails de ce circuit exclusif qui vous met au contact du bouddhisme vécu par les Thaïlandais.

Le sanctuaire dédié à Khruba Siwichai (อนุสาวรีย์ครูบาศรีวิชัย)
Page Facebook du monument (pas vraiment mise à jour)
Avis TripAdvisor
Emplacement (ouvert 24 heures sur 24)

Bandeau 1


Se rendre à Lamphun

Lamphun est la plus ancienne ville de l’ancien royaume du Lanna, créée au VIIe siècle; Hariphunchai est son nom historique au temps du royaume môn. On vous l’a déjà dit, la ville n’est pas très éloignée de Chiang Mai; le déplacement n’en est que d’autant plus justifié.

Tenant compte des horaires des divers événements et de leur emplacement, il vous sera difficile – mais non impossible – d’utiliser des moyens de transport en commun pour rejoindre Lamphun depuis Chiang Mai (principalement en minivan depuis le marché Warorot ou alors en song thaew bleus). Le trajet en train est hautement recommandable – ambiance locale garantie – mais difficile de vous le conseiller vu les horaires en question.

Comme la distance n’est que de 30 kilomètres, le scooter de location est le moyen de transport idéal (attention au retour durant la nuit cependant). Quatre liaisons routières s’offrent à vous :

  • l’autoroute no 11 (c’est l’axe le plus rapide mais nous vous le déconseillons);
  • l’ancienne route principale vers Bangkok, qui se nomme fort à-propos la route Chiang Mai-Lamphun (no 106) : sa longue allée d’arbres en ravira plus d’un !
  • la route, toute droite ou presque, parallèle à la ligne de chemin de fer. Elle a son charme;
  • et enfin la liaison la plus bucolique – que nous vous conseillons si le temps n’est pas votre ennemi – celle longeant la rivière Ping (choisir idéalement la rive droite).
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L’imposante statue du maître au Wat Doi Ti © Facebook – วัดดอยติ

Si vous y allez à plusieurs, en famille par exemple, négociez avec un chauffeur de song thaew le trajet aller-retour depuis Ching Mai, comprenant l’attente.

En arrivant à Lamphun, apercevoir au loin la statue de Khruba Siwichai est spectacle émouvant, d’autant qu’en longeant à vélo la ligne de chemin de fer, l’imposante représentation du saint homme apparaît peu à peu…

Si vous n’êtes encore jamais allé à Lamphun, la visite incontournable est celle du Wat Phra That Hariphunchai, très ancien temple au cœur de la ville. Son chedi est aussi beau que celui du temple du Doi Suthep (ce dernier s’en étant largement inspiré). Avant que l’on ne consacre un article complet à la visite de Lamphun, vous pouvez consulter les conseils de notre partenaire TripAdvisor ou encore ceux de l’Office du tourisme thaïlandais (TAT), bien qu’ils datent.


Pourquoi une telle vénération ?

Le vénérable Khruba Siwichai a marqué de son empreinte morale tout le nord thaïlandais, d’où il était originaire et où il a vécu. On y organise des pèlerinages en sa mémoire. C’est un moine bouddhique qualifié de ton bun (littéralement « personne de mérite ») , en raison du prestige particulier qu’il a acquis par l’accomplissement d’œuvres extraordinaires, cumulant entreprises d’édification religieuse hors-normes, manifestations de supposés pouvoirs surnaturels et prises de position politiques plus ou moins radicales. Personnage charismatique, rendu célèbre par son opposition aux réformes administratives et religieuses engagées par Bangkok et devenu par là-même le symbole de la résistance régionale à l’hégémonie siamoise.

Lorsque nous avons demandé à un moine vivant dans un temple bouddhiste perdu dans la campagne de Mae Taeng, au nord de Chiang Mai – encore un temple qui a été rénové grâce aux efforts de Khruba Siwichai – l’homme nous répondit qu’un bon nombre de temples a été rénové du temps de Khruba Siwichai. Qui plus est, il a rendu populaire l’enseignement bouddhique de sorte que beaucoup de jeunes se sont engagés dans le noviciat durant ce temps-là.

Brève biographie

KrubaSrivichaiAnniversary141(2019)Photoวัดพระนอนแม่ปูคาอุทยานครูบาเจ้าศรีวิไชย
© Facebook

Khruba Siwichai est donc né le mardi 11 juin 1878 (2421 selon l’année bouddhique thaïlandaise) à Ban Pang, petit village du district de Li, dans la province de Lamphun, au sud de Chiang Mai. Il y est mort le 21 février 1939 (ou 2482), un mardi également, à l’âge de 60 ans. Ce même district de Li où se déroule chaque année la spectaculaire exhumation de deux autres moines, dont l’un est très vénéré, Khru Bawong.

Siwichai est un mélange de charisme (très populaire de son vivant), d’activisme (il est surtout connu pour la construction et la rénovation de nombreux temples) et d’affrontement (en conflit politique avec les autorités, il a été emprisonné). Un être à l’impressionnante ascèse3 : on dit qu’il ne prenait qu’un repas par jour, sans viande ni poisson (animaux « qui ont une âme », winyan) et pratiquait la méditation de concentration (phatibat dan smathitham). On lui attribue des faits miraculeux qu’il a toujours niés.

Siwichai est né dans une humble famille paysanne. Des témoignages suggèrent que le jour de sa naissance, il y a eu un orage violent et de la pluie, raison pour laquelle on lui a donné le nom de Fuen (เฟือน, tremblement de terre),  ou encore Fa Rong (ฟ้าร้อง, tonnerre). Enfant, il avait de la compassion pour tous les êtres, relâchant les animaux que son père attrapait.

Sa première construction fut la rénovation du temple de son village. Depuis lors, il ne cessa de réunir les habitants afin qu’ils s’engagent dans la construction et la rénovation de moult ouvrages, religieux ou non, avec, en point d’orgue, la route du fameux temple du Doi Suthep, à Chiang Mai.

Les autorités bouddhistes nationales ont promulgué une loi – le Sangha Act de 1902 – que Khruba Siwichai, rebelle, a vivement combattue, ce qui lui a valu plusieurs emprisonnements (on se bornera ici à indiquer que le désacord portait sur l’ordination de moines). Pour mieux comprendre les conflits dont il est question, il faut se rappeler qu’en 1897 le royaume du Lanna a été intégré – plus ou moins de force – au royaume du Siam. À titre d’exemple, la langue locale étaient bannie mais Khruba Siwichai continuait, lui, d’enseigner le bouddhisme dans sa langue maternelle, et non pas en thaï.

KrubaSrivichaiAnniversary140(2018)UneDuLivreรำลึก140ปีชาตกาลครูบาศรีวิชัย

Le mardi 21 février 1939, lorsque Khruba Siwichai a quitté son écorce terrestre, vaincu par la maladie, l’on dit que le ciel s’est assombri, apportant de fortes pluies, inattendues (février étant encore la saison sèche), un temps semblable au jour de sa naissance… Les croyances étant ce qu’elles sont, Khruba Siwichai se retrouve souvent représenté sur les amulettes thaïlandaises.

En l’an 2018, à l’occasion de la commémoration des 140 ans de la naissance de Khruba Siwichai, l’érudition a été convoquée et a permis la composition d’un ouvrage édité en son souvenir, hélas dans la seule langue thaï. Une page Facebook – qui continue à être alimentée – a été créée afin de le promouvoir : รำลึก 140 ปี ชาตกาล ครูบาศรีวิชัย. Vous pouvez consulter les premières pages du livre-souvenir. Le tout s’est clos avec un événement académique organisé le 19 juillet 2018.

Et comme souvent, l’exégèse de Jean de la Mainate, auteur de l’indispensable site Merveilleuse Chiang Maï, permet un éclairage original sur l’histoire du vénérable Khruba Siwichai. Retrouvez enfin quelques photos d’archives du maître bien-aimé.

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Une des reliques de Khruba Siwichai © Facebook – CM77

Celles et ceux désirant en savoir plus liront avec intérêt Bouddhisme et politique en Thaïlande : une relation complexe et ambiguë. C’est là une contribution de feu le regretté Arnaud Dubus pour Églises d’Asie. Si vous comprenez l’anglais, n’hésitez alors pas à lire son dernier livre : Buddhism and Politics in Thailand (publié par l’IRASEC – Institut de recherches sur l’Asie du Sud-Est contemporaine et disponible gratuitement; vous pouvez également acquérir la version Kindle). Il y parle entre autres de Khruba Siwichai et du mouvement de revitalisation bouddhiste dont il faisait partie. Mentionnons encore ici deux textes de référence (en anglais) : Charismatic Monks of Lanna Buddhism, un ouvrage écrit par l’anthropologue Paul Cohen, lui qui s’intéresse aux moines bouddhiques qualifiés de ton bun par les fidèles des régions septentrionales de Thaïlande (littéralement « personnes de mérite »), avec Khruba Siwichai en couverture. Et The Saint with Indra’s Sword: Khruubaa Srivichai and Buddhist Millenarianism in Northern Thailand, une contribution d’importance de Katherine Bowie, anthropologue elle aussi et professeure à l’université de Wisconsin-Madison, affiliée au Centre d’études du sud-est asiatique (texte en ligne).

Vos pouvez aller à la rencontre d’un disciple de Khruba Siwichai, adepte comme lui de la tradition de la forêt, qui effectue souvent de longues marches et est sortie d’une retraite méditative de trois ans, trois mois et trois jours à fin juillet 2022. Il officie dans un temple de Tachileik, au Myanmar, à la frontière thaïlandaise. Son nom est Khruba Boonchum, véritable bouddha vivant. En savoir plus.

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Nous prévoyons de vous dévoiler un jour les lieux emblématiques de Khruba Siwichai afin que vous puissiez, vous aussi, les découvrir et, pourquoi pas, en faire votre pèlerinage ici dans la Rose du Nord. Qui sait si ce magnifique album-photo et cet article vous donneront envie de vous rendre au Wat Ban Pang, dans la province de Lamphun, là où le saint homme est né et où il s’est éteint…

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Le temple de Ban Pang, village d’origine de Khruba Siwichai © Facebook – แอ่วดี-Review + EventsWeekly

Plonger dans l’histoire de Khruba Siwichai et des autres Vénérables bouddhistes du nord thaïlandais, à l’image du Vénérable Mun Bhuridatta Kaenkaew, appelé Ajahn Mun et plus connu sous le nom de Luang Pu Mun, qui fut l’un des abbés du Wat Chedi Luang et lui aussi l’un des moines les plus vénérés du Lanna, ayant atteint la pleine illumination, c’est comprendre un peu mieux les croyances qui animent le peuple du Lanna, profondément animiste. Bien malheureusement, la littérature francophone est quasi muette sur le sujet. À travers cet article, on espère avoir titillé votre curiosité afin que vous cheminiez autant sur les routes du pays Lanna, à la rencontre des lieux emblématiques qui façonnent son histoire, que sur celles, plus escarpées, de la spiritualité bouddhiste…


1 ครูบาศรีวิชัย en thaï. Vous trouverez d’autres orthographes parlant du même homme, que ce soit Kuba, Khuba, Kruba et autre Sivichai, Srivichai ou Sriwichai. Comme à notre habitude, nous nous en tenons aux règles du Système général royal de transcription du thaï (RTGS). On peut traduire Khruba (ครูบา) par maître. Par ailleurs, il y a une hiérarchie parmi les vénérables bouddhistes : en accolant le terme honorifique chao (เจ้า), on signifie que le niveau de spiritualité est plus élevé encore.
2 Date fluctuante, qui dépend du calendrier lunaire.
3 Sopha Chanamun, Khruba Srivichai ‘dton bun’ haeng lanna, MA thesis, Faculty of Arts, Thammasat University (1991).

Sources rédactionnelles :

Source de l’image à la une © Facebook.
Article composé le 10.06.2019 et mis à jour le 23.04.2024


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