Pourquoi la Thaïlande ne fête pas l’Éléphant le 12 août, Journée internationale de l’Éléphant ?

C’est le 12 août qu’est célébrée la Journée internationale de l’Éléphant. Un événement annuel qui a pour but la conservation et la protection des éléphants du monde entier. Mais pourquoi diable la Thaïlande, où les éléphants sont pourtant bien présents, qu’ils soient sauvages ou domestiques, ne célèbre-t-elle pas cet événement mondial ?

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Deux éléments expliquent cette léthargie nationale :

WorldElephantDay2018MontagePhoto

C’est donc ce qui explique que le royaume de Thaïlande n’organise rien ou pas grand-chose le 12 août ! En revanche, le mois d’août voit organisée ici en Thaïlande la Conférence nationale sur les Éléphants. Vous avez sans nul doute entendu parler du fort impact qu’a eu la pandémie mondiale du Covid-19 sur la situation des éléphants ici en Thaïlande cette année 2020 : la disparition du tourisme a fait tarir la source financière que représentait l’exploitation des pachydermes. L’édition 2020 de cette conférence aborde bien sûr ce thème : Covid-19 – Aller au-delà, s’adapter et avancer après cette crise. Elle aura lieu à Lampang du 20 au 23 août 2020.

D’ailleurs, l’Office national du Tourisme de Thaïlande (TAT) a lancé l’opération « Help Community, Help Elephant, Help Nation » pour aider les éléphants à traverser cette crise du Covid-19 qui a vidé le pays des touristes étrangers. Grâce à diverses organisations spécialisées dans le bien-être des éléphants, ce sont plus de 1 450 éléphants domestiques appartenant à une centaine de camps qui sont soutenus à l’échelle nationale.

Conférence nationale sur les Éléphants 2020 (งานประชุมช้างแห่งชาติ ประจำปี ๒๕๖๒)
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Chiang Mai abrite des dizaines de camps d’éléphants dans sa jungle environnante. Les principaux ne font qu’évoquer cette journée de commémoration sans organiser un événement spécial – contrairement au 13 mars. Ainsi du meilleur,  l’ENP – Elephant Nature Park à ce qui était jusqu’à peu le pire, le camp d’éléphants de Mae Sa.

L’année dernière à cette époque, la fondatrice était en tournée promotionnelle en Europe. Et cette année, on la retrouve dans son parc parmi ses éléphants  (vidéo). Quant au camp de Mae Sa, c’était un sinistre endroit où se pratiquait l’exploitation animale à outrance mais la reprise du camp par la fille du fondateur thaïlandais, un chrétien décédé en 2019, associée à la crise du Covid-19, a permis une saine reconversion du camp : plus de balade sur le dos des pachydermes et plus de jeux de cirques. L’endroit essaie d’être rentable en permettant aux hôtes de nourrir les éléphants, de se baigner avec eux, ou encore de se prendre en photo. Autre intelligente ressource : la transformation des déjections animales en un engrais. Devenu ainsi plus respectueux des besoins de ses pensionnaires, ce camp avait pour habitude d’inviter chaque année les mamans thaïlandaises en ce jour national de Fête des Mères. Le Centre de conservation des éléphants, sis à Lampang, met généralement lui aussi sur pied ce 12 août une journée spéciale; mais elle ne concerne en rien la Journée internationale de l’Éléphant ! Il s’agit en fait d’activités au sein du centre où les mamans thaïlandaises sont là aussi à l’honneur (mais point cette année). Notez que la Patara Elephant Farm – qui n’a rien commémoré ce 12 août 2020 – organise annuellement un ancien cérémonial de vénération d’éléphants, avec une parade dans la jungle haute en couleur; il a lieu généralement fin juin/début juillet. Mais rien de tout cela en cette année 2020 où le Covid-19 bouscule toute les activités touristiques (les ayant fait disparaître pour beaucoup d’entre elles). L’ensemble des camps – bien mal en point en ce moment – est représentée par une association, la Thai Elephant Alliance, qui ne peut que déplorer la situation actuelle.

Rappelons ici qu’en matière de maltraitance animale, se balader à dos d’éléphants fait partie des dix attractions touristiques les plus cruelles selon une étude commandée par l’ONG internationale World Animal Protection. Il faut en finir avec ces ignobles jeux de cirque ! Évitons cependant de porter un regard manichéen sur ce sujet complexe. Ainsi de la polémique – toujours vivace – en lien avec l’utilisation du bull hook, un crochet pour faire obéir les éléphants domestiques… Dans cette vidéo par exemple, ce mahout, décédé entre temps, justifie son utilisation face à la dangerosité que représente un éléphant en musth.

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Journée Internationale de l’Éléphant

Elephant never forget
© Facebook

En dehors des zoos, les éléphants vivent sur deux continents : l’Afrique et l’Asie. Ce ne sont d’ailleurs pas les mêmes espèces (différences entre l’éléphant d’Asie et l’éléphant d’Afrique). La principale menace de leur existence en Afrique est le commerce illégal de l’ivoire des défenses d‘éléphants (son interdiction n’empêche nullement le braconnage qui reste un problème important; 96 ! oui 96 éléphants sont abattus chaque jour en Afrique !). En Asie, la problématique est autre (les femelles de l’éléphant d’Asie sont dépourvues de défenses) : ici, c’est la perte de l’habitat qui menace l’espèce. Un habitat naturel qui se restreint d’année en année en raison de la population humaine croissante, de l’expansion des plantations agricoles (telle la production d’huile de palme), de la déforestation à grande échelle…

Relevons ici l’excellence du parc d’éléphants Kaeng Krachan, point fort du zoo de Zurich, en Suisse. Les gardiens (humains) n’interagissent plus qu’à travers une méthode inédite de contacts indirects. C’est là une réalisation que même la PSA – Protection suisse des animaux qualifie de remarquable. Le nom du parc (de détention) helvétique correspond en fait à un parc national thaïlandais. Les bénéfices générés par le premier permettent de soutenir les éléphants que l’on retrouve dans le second, ici en Thaïlande.

Parmi les éléphants d’Asie, il faut clairement distinguer les éléphants sauvages (que vous pouvez observer dans quelques parcs nationaux thaïlandais) des éléphants domestiques (qui sont en majorité exploités touristiquement depuis que le travail forestier leur a été interdit en Thaïlande). Heureusement, la législation dans ce pays a contribué à améliorer la situation. Cependant, l’éléphant d’Asie reste inscrit sur la liste rouge des espèces en danger d’extinction de l’UICN – Union Internationale pour la Conservation de la Nature. EuroNews vous en dit plus sur cette Journée internationale de l’Éléphant. En bon archiviste qu’il est, l’INA nous offre quelques intéressantes vidéos sur le sujet. À cette occasion, le National Geographic nous fait découvrir une très belle galerie photo, une galerie que tout un chacun peut contribuer à alimenter (YourShot). Ou encore celle du journal The Telegraph (il vous suffit de cliquer sur le cliché pour visionner le suivant). Vous remarquerez enfin l’étonnante dextérité de la trompe du plus grand mammifère terrestre.

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Beaucoup d’organisations de défense des animaux se battent pour la survie des éléphants en Afrique et en Asie. Au rang desquelles l’IFAW – Fonds international pour la protection des animaux, qui mène notamment le combat mondial pour que cesse le commerce de l’ivoire. Retrouvez ici une infographie sur les majestueux pachydermes d’Afrique ou encore la plaquette de leur programme Éléphants (qui n’inclue pas la Thaïlande). Signalons enfin une action annuelle qui concerne également les éléphants, la Marche Mondiale pour les éléphants, rhinocéros et tigres qui, en 2016, a été élargie à l’ensemble des animaux sauvages menacés d’extinction (une liste qui s’allonge de par les méfaits de l’être humain). Nous ne connaissons point encore la date d’une prochaine marche mondiale…

🐘  LA JOURNÉE INTERNATIONALE DE L’ÉLÉPHANT SUR INTERNET  

Site web (en anglais) et page Facebook (@WorldElephantDay, toujours en anglais).
Et encore : TumblrInstagram et Twitter.

L’année dernière, les responsables de cette Journée internationale nous avaient offert une vidéo des plus émouvantes. Celle de cette année est axée sur l’exploitation touristique « éthique » des éléphants en Thailande (si tant est que l’on puisse exploiter des animaux éthiquement) :

D’ailleurs, les autorités thaïlandaises ne sont pas insensibles aux critiques émises à l’encontre de l’exploitation qui est faite des animaux en Thaïlande. Pour preuve, le débat organisé à Bangkok par la TAT, l’Office du tourisme, avec des membres actifs dans cette lucrative industrie. Puisse la dimension éthique être incluse dans la réflexion…


Rencontrer des éléphants à Chiang Mai

Idéalement, il faudrait observer les troupeaux d’éléphants sauvages dans leur élément naturel, la jungle. Il existe plusieurs parcs nationaux où cela est possible (mais jamais garanti); aucun hélas ne se trouve dans la province de Chiang Mai. Cependant, force est de constater qu’au final bien peu de touristes font l’effort de s’y rendre. Difficile en effet de consacrer plusieurs jours pour réussir à observer – sans garantie aucune – des éléphants sauvages d’Asie dans leur environnement naturel. C’est pourquoi la plupart des touristes rencontrent ces pachydermes dans des camps sis dans la jungle. Et Chiang Mai est l’épicentre de cette activité touristique, florissante, avec tous les excès que cela engendre. Nous consacrerons un jour un article plus poussé sur ces camps…

L’ENP – Elephant Nature Park est sans nul doute le centre qui, ayant mis le bien-être des éléphants au centre de ses préoccupations, est le moins nuisible. Mais, succès oblige, il faut s’y prendre bien à l’avance pour être certain de pouvoir le visiter (les échanges se font en anglais). Nous pouvons également vous recommander de visiter un camp d’éléphants avec Loolu, un jeune Karen pétillant. Ici, pas d’exploitation à outrance, pas de cirque avec ces animaux fort intelligents, et pas non plus de balade sur leur dos ! Le petit camp est géré par une famille karenne. Nul doute que la rencontre des pachydermes, émouvante, sera l’un des moments les plus mémorables de votre séjour dans la Rose du Nord (d’autant si vous y allez durant la saison des pluies, de juillet à octobre, où étincelantes sont les vertes rizières). Découvrez (en français) les formules proposées par Loolu Tour pour rencontrer des éléphants dans la jungle.

Elephant Parade
© Facebook

Chiang Mai abrite également – et tout naturellement – l’Elephant Parade. Une entreprise sociale qui dispose de plusieurs points de vente à Chiang Mai et à Bangkok. Vous pourrez y acquérir de jolies reproductions artistiques d’éléphants. Ou participer à des ateliers à l’Elephant Parade Land où vous peindrez vous-même votre éléphant; une activité manuelle très appréciée des enfants. Cette société organise régulièrement à travers les grandes villes du monde des parades d’éléphants – conçus par des artistes réputés ou non – dont le but est de sensibiliser la population à la disparition de l’espèce et de récolter des fonds qui viennent en aide à un hôpital  où sont soignés gratuitement les éléphants à Lampang. Les touristes et les habitants de Chiang Mai gardent encore un beau souvenirs des 89 éléphants exposés dans plusieurs points de la ville en décembre 2016. Nous consacrerons là aussi un article plus approfondi sur les activités de cette entreprise sociale.

Que vous ayez rencontré ou non des éléphants dans un parc national ou dans un camp, peut-être aurez envie d’en voir ou d’en revoir. Les livres permettent de le faire à bon compte. On vous propose cette brève sélection.

Dernier des beaux livres édités, Mémoires d’éléphant, du photographe franco-grec Kyriakos Kaziras, vous propose une approche très picturale de la photographie, l’auteur maniant ses appareils photo comme des pinceaux. Comme l’indique son titre, Éléphants d’Asie – Un géant menacé, cet autre ouvrage est axé sur l’espèce que vous rencontrerez notamment en Thaïlande. On peut également faire confiance à l’éditeur Gründ qui réalise de bien beaux libres; L’Art d’être éléphant ne fait pas exception. Pour vous-même ou pour en faire cadeau, vous pouvez commander le calendrier Elephants, édition 2020 (la langue anglaise n’empêchera nullement d’admirer les superbes images au fil des mois qui passent).

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Si aux belles photographies vous désirez ajouter les connaissances de spécialistes, optez pour l’ouvrage Incroyable éléphants des photographes animaliers Denis et Christine Huot. Ce ne sont pas eux qui nieront la vie émotionnelle des animaux ! Et c’est précisément le thème d’un ancien livre sorti au moment où l’étologie devenait populaire : Quand les éléphants pleurent risque de vous bouleverser. Ajoutons pour terminer les récits de personnes sur le terrain. Une histoire d’amour africaine relate la vie de Daphné Sheldrick au Kenya, surnommée  « la mère des éléphants ». L’homme qui murmurait à l’oreille des éléphants, en Afrique du Sud, c’est Anthony Lawrence. On reste en Afrique avec Le Dernier des éléphants, où il est question du combat de Stéphanie Vergniault et son association SOS Éléphants du Tchad pour sauver les derniers spécimens de l’espèce. Et enfin le récit de Tarquin Hall qui touche, lui, à l’éléphant d’Asie : Vers le cimetière des éléphants relate une expédition entreprise avec un chasseur professionnel engagé par l’État indien pour abattre un éléphant qui a déjà tué trente-huit personnes ! Ce sont là les ouvrages encore disponibles les plus appréciés sur les éléphants.

Qu’il soit célébré le 12 août lors de cette Journée Internationale de l’Éléphant ou le 13 mars durant la Journée Nationale de l’Eléphant, on souhaite aux pachydermes de Thaïlande, et au-delà du monde entier, un meilleur avenir que l’hécatombe vécue durant le siècle passé !

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Source de l’image à la Une : © Facebok – World Elephant Day
Article composée le 17.08.2018 et mis à jour le 24.08.2020