‘Sawat di’, les salutations thaïlandaises, accompagnées du ‘wai’ 🙏

Les salutations font partie des règles de politesse et varient d’une culture à l’autre. Il peut vous paraître naturel de se saluer automatiquement mais ce geste anodin dépend de la culture dans laquelle vous évoluez. Ainsi, en Thaïlande, les salutations spontanées sont loin d’être la norme. Ici, vous n’entendrez jamais de bonjour et les poignées de mains sont geste rare !

On vous parle aujourd’hui des salutations thaïlandaises, tant en ce qui concerne l’expression vocale (sawat di) que la gestuelle qui y est liée (le wai). Un sawat di que vous pourrez déjà entendre dans votre pays en prenant l’avion si d’aventure votre choix devait se porter sur Thai Airways. Les hôtesses de cette compagnie aérienne nationale vous accueillent par un sawat di vocal, accompagné d’un wai (bien souvent suivi d’un irrésistible sourire). Bienvenue en Thaïlande.

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22 janvier – Célébration du sawat di, le bonjour thaïlandais

Pourquoi donc célébrer des salutations, a fortiori un jour spécifique de l’année ? Tout simplement parce que dans la culture siamoise, les salutations modernes n’ont été introduites que très récemment !

Le wai, expression de la grâce siamoise

สวัสดี (sawat di, écrit également สวัสดิ์) ! Ce n’est que le 22 janvier 1943 que cette expression née dans les années 30 a officiellement été adoptée. Il s’agit du bonjour thaïlandais, souvent accompagné d’un wai (ไหว้), un geste chaleureux et empli de respect effectué mains jointes.

Jadis, les Siamois se saluaient de manière informelle, en utilisant des formules faisant référence à leur santé ou leur bien-être. Le contact avec l’étranger a poussé l’Institut royal à créer de nouveaux termes en guise de salutations. Il s’agissait alors de traductions littérales de l’anglais : good morning (bonjour en matinée) traduit par อรุณสวัสดิ์ (arun sawat), good afternoon (bonjour durant l’après-midi) par ทิวาสวัิสดิ์ (thiwa sawat), good evening (bonsoir) par สายัณห์สวัสดิ์ (sayan sawat), et enfin good night (bonne nuit) par ราตรีสวัสดิ์ (ratri sawat). Des traductions que l’on retrouvait dans les livres et les sous-titres des films. De nos jours, seules les salutations อรุณสวัสดิ์ (arun sawat, bonjour en matinée) et eราตรีสวัสดิ์ (ratri sawat, bonne nuit) sont encore utilisées, les deux autres étant devenues pratiquement obsolètes.

Beaucoup jugeant ces expressions trop « étrangères », un membre du comité du dictionnaire de l’Institut royal, Phraya Uppakit Silpasan (พระยาอุปกิตศิลปสาร, né นิ่ม กาญจนาชีวะ, 1879-1941), expert en langue thaïlandaise et professeur à l’université Chulalongkorn, a proposé une expression plus simple : สวัสดี (sawat di). ll s’agit d’une adaptation du terme sanskrit स्वस्तिक (สวสฺติ (svasti) en thaï, svastika, dérivé de su (« bien ») et de asti (« il est ») et dont le symbole – la croix gammée – a été récupéré par les nazis).

L’une des raisons pour lesquelles l’expression สวัสดี (sawat di) semble « plus thaïlandaise » que les autres termes, qui impliquent tous le même mot sanskrit svastika (स्वस्तिक, สวสฺติ en thaï, svasti), est que sa dernière syllabe est ดี (di). Bien qu’étymologiquement elle ne soit sans rapport avec le mot thaïlandais signifiant bon, bien, agréable ou encore excellent (di, ดี ou ดีย์), cela crée subrepticement une connexion sémantique dans l’esprit.

Notez que les salutations thaïlandaises traditionnelles largement utilisées avant ces expressions inventées le sont encore aujourd’hui : des salutations comme ไปไหน (pai nai, « où allez-vous ? »), ไปไหนมา (pai nai ma, « d’où venez-vous ? ») ou กินข้าวหรือยัง (kin khao rue yang, « avez-vous déjà mangé ? »).

De nos jours, bien que très répandue, l’expression สวัสดี (sawat di) est limitée aux contextes formels et aux rituels sociaux. À titre d’exemple, le Thaïlandais préfèrent répondre ฮัลโล (hanlo, de l’anglais hello) au téléphone plutôt que สวัสดี (sawat di). Une habitude qui a amené la Commission culturelle nationale à demander aux gens de s’en tenir à l’accueil téléphonique prescrit.

Selon une histoire légendaire née à l’université Chula, Phraya Uppakit a initialement présenté le terme สวัสดี (sawat di) à ses étudiants. Devenu populaire sur tout le campus, il s’est ensuite répandu à partir de là. Cependant son adoption généralisée ne s’est probablement pas faite de manière aussi organique. Une nouvelle manière de se saluer qui a bénéficié d’un peu d’aide de la part du maréchal Plaek Phibunsongkhram. En effet, en 1943, huit mois après avoir simplifié l’écriture thaï, Phibun a fait de สวัสดี (sawat di) les salutations officielles en langue thaï.

« ด้วยพนะท่านนายกรัถมนตรี ได้พิจารนาเห็นว่า เพื่อเปนการส่งเสริมเกียรติแก่ตนและแก่ชาติ ให้สมกับที่เราได้รับความยกย่องว่า คนไทยเปนอารยะชน คำพูดจึงเปนสิ่งหนึ่งที่สแดงภูมิของจิตใจว่าสูงต่ำเพียงใด ฉะนั้นจึงมีคำสั่งให้กำชับ บันดาข้าราชการทุกคนกล่าวคำ « สวัสดี » ต่อกันไนโอกาสที่พบกันครั้งแรกของวัน เพื่อเป็นการผูกไมตรีต่อกัน และฝึกนิสัยไห้กล่าวแต่คำที่เปนมงคล ว่าอะไรว่าตามกัน กับขอไห้ข้าราชการช่วยแนะนำ แก่ผู้ที่อยู่ไนครอบครัวของตนไห้รู้จักกล่าวคำ « สวัสดี » เช่นเดียวกันด้วย »

Son Excellence le Premier ministre a examiné la question et est d’avis que, pour rehausser notre honneur et celui de la nation, d’une manière qui convienne pour que les Thaïlandais soient loués en tant que peuple civilisé et que le discours reflète l’état d’esprit de chacun, l’ordre a été donné d’exhorter avec insistance tous les fonctionnaires à prononcer la phrase sawat di les uns aux autres lorsqu’ils se rencontrent pour la première fois de la journée. Ce faisant, ils se lieront d’amitié et prendront l’habitude de ne prononcer que des mots de bon augure. En outre, les fonctionnaires sont priés d’aider à conseiller aux membres de leur foyer d’utiliser également l’expression sawat di.

Déclaration publiée le 22 janvier 1943 par le Département de la propagande (กรมโฆษณาการ, maintenant connu sous le nom de กรมประชาสัมพันธ์, Département des relations publiques); orthographe originale conservée; traduction libre.

Il va de soi que, sur la base de cette directive, le terme สวัสดี (sawat di) n’était pas d’un usage courant. Dans le cas contraire, il n’aurait pas été nécessaire d’imposer son utilisation de manière formelle, ni de demander aux fonctionnaires de l’utiliser en famille.

Aujourd’hui, le Pays du Sourire est mondialement connu pour son peuple amical et son hospitalité. L’on entend สวัสดี (sawat di) à longueur de journée dans tout le royaume – des plages idylliques du sud aux temples du nord montagneux, et partout ailleurs – ce qui illustre bien l’esprit d’accueil de la Thaïlande. Notez que สวัสดี (sawat di) est utilisé tant pour dire bonjour qu’au revoir.

Si vous vous intéressez à l’écriture thaï, on vous renvoie vers notre article 29 juillet, Journée nationale du thaï, la langue officielle de la Thaïlande

Au quotidien, les Thaïlandais entre eux utilisent plus souvent une abréviation informelle : หวัดดี (wat di) au lieu de สวัสดี (sawat di). Signalons encore qu’en pays lanna, soit la Thaïlande du nord, au lieu des habituels สวัสดีค่ะ (sawat di kha, prononcé par une femme) et สวัสดีครับ (sawat di khrap, prononcé par un homme), vous serez également amené.e à entendre สวัสดีเจ้า (sawat di jao), prononcé tant par les femmes que les hommes), le เจ้า (jao) de la langue locale remplaçant les particules siamoises ค่ะ/ครับ (kha /khrap).

Vous savez maintenant pourquoi est célébré en ce 22 janvier สวัสดี (sawat di), les salutations thaïlandaises. Ce qui a d’ailleurs conduit Google a publié un sympathique doodle l’année dernière :

Le thaï étant une langue tonale, il est indispensable de l’entendre pour pouvoir correctement le répéter (et donc l’apprendre). Voici un rapide cours donné par Praew quant aux salutations thaïlandaises :

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Le wai en guise d’accompagnement

Les salutations thaïlandaises sont bien souvent accompagnées d’un geste devenu emblématique de la Thaïlande, le ไหว้ (wai), bien qu’on en retrouve des variantes ailleurs en Asie (au Laos par exemple, ou encore le sampeah cambodgien, le namasté indien, le gasshō japonais). Ainsi, Thai Airways base sa communication sur ce geste de bienvenue. Un geste que l’on retrouve représenté également dans les temples bouddhistes; beaucoup de kinnari – une créature féminine mythologique – sont représentées mains jointes.

Il s’agit d’une forme traditionnelle de salutation, donnée par la personne de statut inférieur à la personne de statut supérieur. Le wai est traditionnellement observé lors de l’entrée dans une maison. Une fois la visite terminée, le visiteur demande la permission de sortir et répète la salutation faite à l’entrée.

En Thaïlande, ne touchez pas, n’embrassez pas et ne serrez pas les Thaïlandais dans vos bras lorsque vous les rencontrez. Souvent timides, ils ne sont pas familiers avec ce genre de langage corporel. En général, tout contact physique est considéré comme inapproprié (à l’exception, de nos jours, d’une poignée de main). Bien que vous puissiez le faire par respect et avec toutes vos bonnes intentions, le contact physique les mettra mal à l’aise, surtout en public. La plupart des Thaïlandais n’est pas habituée à ce type de geste et n’a aucune idée de la manière d’y réagir. Cela peut mettre tout le monde mal à l’aise, y compris vous.

Les Thaïlandais utilisent le wai comme un geste poli pour dire bonjour, au revoir, merci ou simplement pour montrer leur respect et leur gratitude envers les gens et les objets.

Comment effectuer un wai ?

Le geste de base est de joindre les deux paumes de mains devant la poitrine, doigts tendus, en esquissant lentement une légère flexion du buste et/ou de la tête (la hauteur des mains jointes et l’importance de la flexion dépendent de la personne à qui vous adressez le wai).

Voici les trois types de wai classiques (pour simplifier) :

  1. Image de gauche, ci-dessous : cette déférence est utilisée par une personne plus âgée ou de statut supérieur en réponse au wai d’une personne plus jeune ou de statut inférieur. Les personnes du même âge ou du même statut social peuvent aussi se saluer ainsi.
  2. Image centrale : cette gestuelle est utilisée à l’égard d’une personne plus âgée ou supérieure. Par exemple, un.e élève face à un.e enseignant.e ou un.e enfant face à sa grand-mère. Le supérieur ne répondra alors que par une flexion de tête.
  3. Image de droite : ce type de déférence est utilisé pour montrer son respect à un moine ou à une statue du Bouddha (les mains sont disposées devant la face et le buste est incliné). Le moine ne répond pas au wai ! Face à ce dernier, vous pouvez également voir des Thaïlandais.es s’allongeant à moitié, en plaçant les mains sur le sol pour un wai, puis en baissant la tête jusqu’à leurs mains.

Vous l’aurez compris, le wai possède une graduation de postures qui permet de respecter les différents niveaux sociaux des personnes qui l’exécutent ou y répondent. En présence de la famille royale, une étiquette plus respectueuse encore est appliquée. Utilisé aussi en marque de remerciement, la personne d’un rang supérieur ne devrait pas l’exécuter envers une personne de rang inférieur, par exemple un client qui remercie un employé. En résumé, plus les mains sont hautes, plus le respect témoigné est grand.

Selon un dicton thaïlandais, faire un wai revient imiter la forme d’un bouton de lotus (le lotus étant un des importants symboles bouddhistes).

© Pixabay – Waratharn

N’hésitez pas à faire le wai lorsque vous rencontrez un.e Thaïlandais.e. En tant qu’Occidental – farang – les Thaïlandais n’attendront point de vous de reproduire scrupuleusement la gestuelle appliquée puisque cette dernière dépend de la classe sociale, du sexe et de l’âge, des données qui vous seront bien difficile de connaître. Bonjour les impairs ! Un geste de déférence de la tête, au minimum, sera fortement apprécié de votre interlocuteur; de quoi rendre chaleureuse votre rencontre. Attention, un adulte ne fera pas de wai à un enfant.

Deux autres termes thaï sont des synonymes de ไหว้ (wai) :

  • สาธุ (sathu) en tant que verbe (qui peut être traduit par saluer, obéir ou encore rendre hommage);
  • et พนมมือ (phanom mue) qui signifie littéralement se serrer la main en signe de respect, terme composé du verbe พนม (phanom) signifiant mettre (les paumes des mains) ensemble en signe de salut et du mot มือ (mue) qui est la main.

L’on retrouve ce geste du wai dans des cérémonies d’hommages spécifiques telles la Journée d’appréciation des enseignants (à la rentrée scolaire) ou encore la Journée nationale de la muay thai (la boxe thaïlandaise) où le wai khru collectif est spectaculaire.

On termine cette brève introduction à la culture thaïlandaise en vous dirigeant vers le site Langues Asiatiques qui vous dévoile 8 choses à savoir sur la politesse en Thaïlande.

Et en ces temps de pandémie sanitaire qui excluent de fait les contacts physiques, L’Illustré s’interroge bien à propos : qui sait si les salutations thaïlandaises remplaceront un jour de manière universelle la poignée de main occidentale

Puisque สวัสดี (sawat di) signifie aussi bien bonjour qu’au revoir, nous n’avons plus qu’à le prononcer pour mettre un terme à cet article : สวัสดี 😄

Accompagnez votre wai d’un sourire comme savent le faire si bien les Thaïlandais.es

Sources rédactionnelles :

Image à la une © Facebook – TAT Photograph Section
Article composé le 22.01.2021 et mis à jour le 23.01.2021