Archives des étiquettes : royauté

En Thaïlande, les jeunes face à la monarchie et l’armée. Analyse d’Eugénie Mérieau

Vous avez peut-être déjà lu un entrefilet sur les nombreux rassemblements de protestation qui ont émaillé l’année 2020 en Thaïlande, et qui continuent en cette année 2021. Des manifestations organisées par la jeunesse estudiantine du pays qui ont rassemblé des dizaines de milliers de jeunes et qui se sont étendues à toutes les villes comptant des campus universitaires.

Comment est né ce mouvement ? Quels sont leurs modes opératoires ? Que réclament les protestataires ? Qu’en attendre à l’avenir ? C’est de cela que nous désirons vous entretenir aujourd’hui avec une analyse fouillée d’une experte reconnue de la Thaïlande, Mme Eugénie Mérieau, Dr en droit : En Thaïlande, les jeunes face à la monarchie et l’armée. Non sans vous en dire plus sur son auteure, Eugénie Mérieau donc, elle qui a écrit plusieurs ouvrages sur la Thaïlande, des livres qui vous permettront de mieux comprendre ce pays. En complément de son éclairante analyse, on vous dirige également vers un regard complémentaire sur cette situation complexe, celui du réalisateur Apichatpong Weerasethakul, palmé à Cannes et habitant Chiang Mai. Alors qu’une récente condamnation selon le fameux article 112 – appelé lèse-majesté – vient de tomber En terminant par un reportage d’ARTE Regards : Vers un printemps thaïlandais ?

Publicités

Le Pays du Sourire. Vraiment ?

Amazing Thailand – Le Pays du Sourire. Voilà comment est présentée la Thaïlande par les autorités touristiques du pays. Il est vrai qu’un touriste étranger de passage n’a que faire des spasmes politiques du pays visité, ne se préoccupant que de son bien-être durant la durée du séjour. Malgré un régime démocratique sans cesse remis à l’ordre par des coups d’État militaires, la Thaïlande réussit à attirer des touristes par dizaines de millions (l’année 2020 faisant exception, le tourisme étant en crise durant la pandémie sanitaire). C’est dire que ces derniers font peu cas du type de régime politique en place, celui-ci leur assurant une pleine sécurité.

Néanmoins, il nous apparaît essentiel de tenter de comprendre ce qui motive la jeunesse éduquée du royaume à se rebeller contre l’autorité représentée par le gouvernement militaire au pouvoir. Des militaires – auteurs de nombreux coups d’État – qui n’ont pas brillé en matière économique ces 50 dernières années en comparaison régionale

Une jeunesse qui se mobilise depuis plus d’un an, demandant sans relâche la démission du Premier ministre, Prayut Chan-o-cha, le général qui a fomenté le dernier coup d’État en date. Une jeunesse qui, pour la première fois et au grand étonnement – parfois réprobateur – de leurs aînés, ose critiquer ouvertement le roi (en l’honneur de qui des billets de banque commémoratifs ont été édités il y a peu).

En résumé, le mouvement estudiantin réclame la démission du Premier ministre, la réécriture de la Constitution thaïlandaise et la réforme de la monarchie. Des demandes qui ont amené plus de 40 militants à être inculpés en vertu de la loi de lèse-majesté pour avoir participé à des manifestations. Un mouvement soutenu notamment par les 5 finalistes du concours de Miss Grand Thailand, au premier rang desquelles la vainqueure, Nam.

Qui donc, mieux qu’Eugénie Mérieau, pouvait nous éclairer sur les raisons d’un mouvement de contestation qui ne faiblit pas ? Nous reproduisons ci-dessous son analyse éclairante sur la situation politique actuelle, publiée ce mois de janvier sur le site Le Monde Diplomatique1.

Elle revient sur les soubresauts historiques – parfois mortels – de cette contestation, sur le mouvement auquel dite contestation se réfère, sur la décision judiciaire qui a mis le feu aux poudres (la dissolution du parti Anakot Maï) et sur les revendications de cette jeunesse combattante (au sens politique du terme), elle qui noue des contacts avec son homologue hongkongaise. Sa conclusion est limpide : le tabou de la monarchie a sauté, et donc il n’est pas abusif d’affirmer que, quelle qu’en soit l’issue, ces manifestations ont déjà transformé en profondeur la politique thaïlandaise.


En Thaïlande, les jeunes face à la monarchie et l’armée1

La jeunesse thaïlandaise est dans la rue. Le 24 juin 2020, ils n’étaient qu’une petite cinquantaine à se retrouver au Monument de la démocratie, dans le centre de Bangkok, pour commémorer l’anniversaire de la révolution de 1932 ayant mis fin à la monarchie absolue dans ce qui s’appelait encore le « Siam », alors seul État indépendant d’Asie du Sud-Est. Trois mois plus tard, le 19 septembre, jour anniversaire du coup d’État militaire de 2006 qui mit un coup d’arrêt à la « transition démocratique », ils étaient plusieurs dizaines de milliers face au Palais royal.

La contestation actuelle s’inscrit dans la continuité du mouvement des « chemises rouges » (1), né en opposition à ce coup d’État — lequel appelait à « achever » la révolution de 1932 et à réhabiliter sa figure historique, Pridi Panomyong, juriste formé en France dans les années 1920, dans une IIIe République devenue le centre de formation des jeunes révolutionnaires de toute l’Asie. Mais, en 2010, ce mouvement est réprimé dans le sang : l’armée ouvre le feu sur les manifestants, en tuant quatre-vingt dix et en blessant près de deux mille, de quoi faire taire la contestation sociale.

Dix ans plus tard, les manifestants sont jeunes, voire très jeunes. En majorité lycéens et étudiants nés dans les années 2000, ils sont fans de K-pop, de Hunger Games et de Harry Potter, mais ils arborent aussi sur leurs tee-shirts le portrait de Somsak Jiemteerasakul, historien majeur, critique de la monarchie, né en 1958 et réfugié politique en France. S’ils n’ont pour la plupart que de vagues souvenirs de 2010, ils peuvent se prévaloir, en dépit de leur jeune âge, d’une déjà très riche expérience : deux coups d’État (2), quatre Constitutions (2006, 2007, 2014, 2017), la mort d’un roi — Bhumibol Adulyadej, en 2016, après soixante-dix ans de règne — et l’accession au trône de son successeur — Vajiralongkorn, couronné Rama X en 2019. Avec le soutien affiché d’une partie de leurs aînés, parents et professeurs, mais également d’anciennes « chemises rouges », ils réclament une réforme de la monarchie et une nouvelle Constitution.

Tout a commencé avec la dissolution du parti Nouvel Avenir (Anakot Maï) par la Cour constitutionnelle en février 2020. Ce dernier avait été fondé en mars 2018 par trois trentenaires : M. Thanathorn Jeungrungruangkit, l’héritier multimillionnaire d’une entreprise industrielle, M. Chaitawat Tulathon, éditeur de livres critiques à l’égard de la monarchie, et M. Piyabutr Saengkanokkul, professeur de droit public. Le parti participe à l’élection de mars 2019, la première depuis le dernier coup d’État militaire mené par le général Prayut Chan-o-cha. À la surprise générale, il obtient près de 20 % des suffrages, ce qui l’érige en troisième force politique du pays, après le parti politique des militaires et celui d’opposition des anciens premier ministres Thaksin Shinawatra et sa sœur Yingluck Shinawatra, renversés par les coups d’État de 2006 et 2014 respectivement. Au Parlement, où siègent cinq cents députés, les quatre-vingts élus de Nouvel Avenir — dont la première parlementaire trans de l’histoire du royaume — exigent la fin du service militaire et une réduction du budget de l’armée. Plus tabou encore, ils s’opposent frontalement aux décrets du roi, notamment au transfert d’une partie des effectifs militaires sous son commandement direct. Ces prises de position en rupture avec l’establishment militaro-monarchique, tandis que le premier parti d’opposition se mure dans le mutisme, leur gagnent de nombreuses faveurs, notamment parmi ceux qui veulent dépasser l’ancien clivage jaune-rouge (3) de leurs parents au sein duquel ils ne se reconnaissent pas.

Des campus universitaires en effervescence, ici à la CMU © Facebook – สิทธิ จันทร์เพ็ญ

Nouvel Avenir, au logo orange, s’était dès sa fondation engagé dans une stratégie « populiste de gauche », faisant le pari d’un dépassement des oppositions entre zones urbaines et rurales, entre classes moyennes et classes populaires, en désignant un ennemi commun : l’oligarchie militaro-monarchique. Cette stratégie, couronnée de succès, explique l’ampleur de la mobilisation actuelle. Après la dissolution du parti, alors que les dirigeants sont frappés d’une peine d’inéligibilité de dix ans, leurs électeurs et leurs soutiens partout dans le pays décident de réagir, bien que la crise du Covid-19 les empêche dans un premier temps de se rassembler. Le gouvernement décrète l’état d’urgence et impose même pour quelques semaines un couvre-feu à 23 heures.

C’est dans ces conditions qu’est annoncée, début juin 2020, la disparition de M. Wanchalerm Satsaksit, un militant de 32 ans proche des électeurs de Nouvel Avenir, qui s’était enfui au Cambodge après 2014, comme nombre de ses pairs. Que son meurtre ait été commandité par le régime ne fait que peu de doute : depuis 2016, plusieurs opposants en exil ont ainsi « disparu » avant que leur corps ne soit retrouvé flottant dans les eaux du Mékong, lesté de pierres à la place des entrailles.

Une œuvre du caricaturiste thaïlandais Pssyppl. © Facebook

Peut-on vraiment qualifier le système politique thaïlandais de « monarchie constitutionnelle » ? Certes, en 1932, le Siam adopte sa première Constitution. À l’issue d’un conflit entre les promoteurs de la révolution et le roi sur les prérogatives royales, ce dernier abdique en 1935. S’installe alors une période de régence, durant laquelle le pays se militarise puis entre dans la seconde guerre mondiale aux côtés du Japon… avant de se revendiquer vainqueur avec les Alliés. Non seulement la société siamoise échappe au sort japonais d’une démilitarisation forcée, mais les Américains soutiennent massivement l’armée dans le cadre de leur politique de containment (« endiguement ») anticommuniste dans la région. En 1958, après une prise de pouvoir par coup d’État, le général Sarit Thanarat s’inspire de de Gaulle pour se faire tailler une Constitution sur mesure incluant un article sur les pleins pouvoirs : l’« article 17 » sera utilisé pour réprimer les communistes, les républicains et les démocrates, décréter des exécutions sommaires et développer l’économie du pays.

Dans le même temps, le régime militaire s’emploie à faire renaître la monarchie de ses cendres et reprend en main le bouddhisme, monarchie et religion étant considérées comme les parfaits antidotes aux idées communistes. La stratégie se traduit par un relatif échec, les idées marxistes se diffusant massivement dans les villes et les campagnes tout au long des années 1960 et 1970, aboutissant en 1973 à une grande manifestation à Bangkok pour réclamer la démission des militaires du gouvernement. Ces derniers partiront en effet, abandonnés par une monarchie soucieuse de se réinventer en force prodémocratie.

Néanmoins, cette victoire des manifestants est de courte durée : en 1976, les milices paramilitaires proches du Palais massacrent les étudiants « marxistes » par dizaines, organisant des lynchages publics et des viols. Un épisode qui laisse un traumatisme béant dans la conscience collective des Thaïlandais, et qui signe le retour de l’armée en politique. Depuis 1976, malgré des flux et des reflux, l’armée et la monarchie conservent un rôle politique de premier plan.

Avec son accession au trône, le nouveau roi Vajiralongkorn donne une impulsion néo-absolutiste. Il s’approprie les « biens de la Couronne », financés par le budget de l’État et par des dividendes issus des grandes entreprises thaïlandaises — ce qui en fait le monarque le plus riche du monde (4). Il s’octroie le pouvoir de nomination du chef de l’Église bouddhique, et place une partie de l’armée sous son commandement direct. Il demande également à ce que soit révisée la Constitution adoptée par référendum, pour que soit supprimée la nécessité d’une régence en cas d’absence du royaume. Et pour cause : il a passé la majorité de son début de règne hors du pays, dans une immense villa en Bavière.

Pas étonnant que, le 26 octobre 2020, les manifestants décident de marcher jusqu’à l’ambassade d’Allemagne ; ils exigent, par une lettre remise à l’ambassadeur, que Berlin fasse toute la lumière sur les agissements du roi dans sa villa bavaroise. Attaqué, Vajiralongkorn se résout à repousser son départ pour orchestrer une campagne de communication visant à se construire une image de monarque populaire. Plusieurs manifestations royales sont organisées, au cours desquelles il se rend au contact de ses sujets agenouillés. À certains d’entre eux, il fait passer des messages politiques, soigneusement enregistrés sur iPhone et diffusés sur les réseaux sociaux comme « images volées ». Il s’adresse ainsi à Buddha Issara, un moine ultranationaliste faisant l’apologie de la violence contre les antiroyalistes, lui renouvelant son soutien. À un quidam qui avait organisé une contre-manifestation proroyaliste, il déclare : « Quel courage, quelle bravoure, merci bien », triptyque vite devenu un mème dans les manifestations, et l’instrument d’incessantes moqueries sur le Web.

© Facebook – Politics Kalaland (การเมืองไทย ในกะลา)

À un journaliste de CNN (5) l’interrogeant au cours d’un de ces bains de foule sur ce qu’il avait à dire « aux jeunes qui manifestent », il répond : « Nous les aimons tout autant. » Et à la question « Y a-t-il une place pour le compromis ? », il assure tout sourire : « La Thaïlande est la terre des compromis. »

Il peut, en effet, se targuer d’en avoir réalisés : en 2017, il ordonne un moratoire sur la loi de lèse-majesté, immédiatement appliquée par la police, l’armée et la justice. Plus de doute pour savoir qui, de l’armée ou du roi, « commande » : le régime militaire est sous commandement royal. C’est la raison pour laquelle les jeunes Thaïlandais adressent leurs revendications directement à Vajiralongkorn plutôt qu’au premier ministre, le général Prayut, perçu comme son intermédiaire.

Ils demandent notamment le retour au régime de séparation entre les biens de la Couronne et les biens personnels du roi. Le 14 octobre 2020, lorsqu’un convoi royal passe à proximité des manifestants, ces derniers ne se prosternent pas devant la reine, comme le veut la tradition, mais chantent : « Mes impôts, mes impôts, rendez-moi mes impôts. » Le budget annuel alloué à la monarchie s’élève à environ 1 milliard d’euros pour 2020, plus quelques milliards répartis entre les ministères pour l’organisation des cérémonies royales, la mise en œuvre des projets royaux, l’achat et l’entretien des avions royaux, la protection royale, etc. Et si ce budget servait à financer un État social ? Dans les manifestations, les participants sont donc invités à choisir quelle réallocation leur paraîtrait la plus appropriée : congé parental, sécurité sociale, retraites… Certains militent en faveur d’un revenu de base universel pour les jeunes, une proposition également portée par le Nouvel Avenir.

Si cette contestation s’inscrit dans la continuité du mouvement des « chemises rouges », elle s’en éloigne par ses nombreuses revendications sociétales, son rejet des hiérarchies et de l’autorité. Et il n’y a pas de leaders désignés.

Eugénie Mérieau

Mais la contestation porte sur tous les aspects de la société, et en particulier contre la « culture de l’autoritarisme » : contre la cérémonie du wai khru, au cours de laquelle écoliers, collégiens et lycéens se prosternent aux pieds de leurs professeurs pour leur rendre hommage, contre le port de l’uniforme, contre la coupe de cheveux exigée à l’école, contre le service militaire, contre le harcèlement sexuel, pour l’avortement, pour les droits LGBT. La figure de proue des manifestants, Mme Panusaya « Rung » Sithijirawattanakul, 22 ans, désignée par la British Broadcasting Corporation (BBC) comme l’une des « 100 femmes les plus influentes (6) » du monde cette année, avait été l’une des premières à dénoncer, en 2019, les violences sexuelles au sein du mouvement des étudiants du parti Dome Revolution à la prestigieuse université Thammasat (l’AFP vous la présente dans cet article). Si cette contestation s’inscrit dans la continuité du mouvement des « chemises rouges », elle s’en éloigne donc par ses nombreuses revendications sociétales, son rejet des hiérarchies et de l’autorité. Et il n’y a pas de leaders désignés.

Les manifestants ont également innové dans les techniques de mobilisation. Les « chemises rouges » se rassemblaient les week-ends, organisant d’immenses manifestations dans des stades, au cours desquelles se succédaient discours, concerts, shows comiques, karaokés, spectacles de drag queen et danses, pendant de longues heures voire des semaines — pour se transformer parfois en campements de longue durée. La nouvelle génération reprend ce côté festival-campement, pour des manifestations impressionnantes de professionnalisme : scènes sécurisées, système sonique ultraperformant, camions Internet déployés pour offrir du signal 4G aux manifestants en cas de coupure, drones de surveillance.

Leur financement participatif doit beaucoup, comme en 2010, aux célébrités et à de riches femmes et hommes d’affaires mais surtout, ils comptent désormais une force dotée de superpouvoirs sur Internet : l’ « armée » de la K-pop thaïlandaise.

Les manifestants tournent leur regard vers Hongkong, d’où ils importent des techniques de flash mob, moins coûteuses, se caractérisant par des manifestations quotidiennes et mobiles, l’usage de parapluies et de lasers, et dernièrement, de canards jaunes gonflables. Cette circulation de techniques entre Hongkong et Bangkok s’accompagne d’un développement de solidarités au sein de la Milk Tea Alliance, l’alliance des « pays qui boivent du thé au lait », contre la Chine et ce qu’elle représente de verrouillage de la liberté d’expression. M. Joshua Wong, l’une des figures de la contestation hongkongaise, s’est même piqué d’une lettre à l’entreprise américaine NonLethal Technologies, qui fabrique les grenades lacrymogènes utilisées dans les deux villes, signée des manifestants thaïlandais et hongkongais.

Jusqu’à présent, le pouvoir militaire thaïlandais a fait preuve d’une certaine retenue face aux manifestants, qui contraste avec la brutalité de la répression en 2010 : gaz lacrymogènes et canons à eau à deux reprises au cours de ces longs mois de manifestations quasi quotidiennes. Cela ne tient pas à la nature du régime — démocratie civile alors, contre régime militaire semi-démocratique aujourd’hui —, mais davantage au statut social des manifestants. En 2010, les « chemises rouges » tuées à balles réelles par l’armée étaient appelées péjorativement « buffles rouges » : il s’agissait de provinciaux, à la peau foncée, considérés comme illettrés, moqués pour leur accoutrement et leurs manières, traités de communistes, de révolutionnaires et de terroristes. Aujourd’hui, les manifestants sont majoritairement de jeunes urbains, clairs de peau, instruits, en uniforme immaculé, souvent sino-thaïs, des Bangkokiens de la classe moyenne. Tire-t-on sur ses propres enfants ?

Toutefois, plusieurs sources confirment que le régime incite les militaires et policiers à passer l’habit jaune royaliste pour participer à des contre-manifestations, intimider et éventuellement générer des affrontements. Jusqu’alors, cette tactique a été vaine : les royalistes peinent à recruter, et, quand ils y parviennent, c’est davantage en souvenir de l’ancien roi Bhumibol qu’en soutien au régime actuel.

Le tabou de la monarchie a sauté. Quelle qu’en soit l’issue, ces manifestations ont déjà transformé en profondeur la politique thaïlandaise

Eugénie Mérieau

Contrairement à 2010, le dialogue ne semble pas impossible. Dans les émissions de débat télévisé, comme la quotidienne « Tham trong » (« question directe »), les invités des deux camps débattent sans (forcément) finir par s’insulter, telle l’émission du 27 novembre sur les finances de la monarchie, qui affiche près d’un million et demi de vues sur YouTube.

© Facebook – Télérama

Comme Mme Carrie Lam, cheffe de l’exécutif à Hongkong, M. Prayut table sur un essoufflement du mouvement à la faveur de l’arrestation de personnes considérées comme « leaders ». Néanmoins, les juges thaïlandais, notamment dans les cours de première instance, n’ont pas tellement coopéré, se montrant bien plus indulgents à l’égard de ces jeunes qu’ils ne l’avaient été face aux « chemises rouges ». Alors que « Rung » et d’autres figures du mouvement étaient arrêtées pour organisation de manifestation non autorisée, les juges les ont libérées sous caution, après quelques jours de détention provisoire. C’est sans doute la raison pour laquelle le régime, probablement sur ordre du roi, a décidé de rétablir la loi de lèse-majesté. Contre toute attente, les manifestants accusés de lèse-majesté depuis le 30 novembre dernier n’ont pas été placés en détention provisoire. La défection d’une partie des juges est, faut-il le rappeler, un signe précoce de l’imminence d’un changement de régime.

Dans tous les cas, le tabou de la monarchie a sauté, et donc il n’est pas abusif d’affirmer que, quelle qu’en soit l’issue, ces manifestations ont déjà transformé en profondeur la politique thaïlandaise. Les anciens laisseront la place à cette nouvelle génération, qui ne croit ni en l’armée ni en la monarchie. Comme l’un des mots d’ordre des manifestants le dit clairement : « Vous avez voulu déconner avec la mauvaise génération… cela va devoir s’arrêter avec notre génération. »

Bien que vous puissiez lire aujourd’hui cet article dans son intégralité, nous vous invitons à soutenir Le Monde Diplomatique, le journal qui l’a initialement publié. N’hésitez pas à vous y abonner !


Qui est Eugénie Mérieau ?

On se lasse de tout, excepté d’apprendre ! Nul doute qu’Eugénie Mérieau s’est fait sienne cette devise chère à Virgile. Elle est en effet au bénéfice d’une triple formation universitaire : en sciences politiques (Sciences-Po), en droit (Sorbonne) et en langues et civilisations orientales (Inalco).

Sa thèse de doctorat trahit ses excellentes connaissance du royaume de Thaïlande : Le constitutionnalisme thaïlandais et les transplantations juridiques : une étude de la royauté. Un travail honoré du Prix Varenne de thèse 2018 (Démocratisation) de la fondation Varenne, ainsi que du prix honorifique Levy-Ulmann (Droit et Sciences politiques) 2018 de la Chancellerie des universités de Paris. Une thèse traduite en langue anglaise et qui le sera même en thaï l’année prochaine.

Après quoi elle a rejoint la chaire de constitutionnalisme comparé à l’université de Göttingen, en Allemagne. Chercheure invitée post-doctorale à l’Institut pour le droit et la politique mondiale (IGLP, faculté de droit de Harvard), elle est actuellement boursière post-doctorale au Centre for Asian Legal Studies (CALS, NUS – Université nationale de Singapour).

Elle a aussi enseigné à l’université Thammasat, à Bangkok. Le Dr Eugénie Mérieau est également chercheure associée au Centre de recherche internationale de Sciences Po Paris, à l’Institut d’Asie orientale de l’ENS Lyon et à l’Institut de recherche sur l’Asie du Sud-Est contemporaine de l’IRASEC, à Bangkok (tous trois dépendant du Centre national de la recherche scientifique, CNRS).

Vous aurez deviné à travers son analyse que parallèlement à sa carrière universitaire, elle participe également à des activités de défense des droits de l’homme.

Parlant le thaï, elle a également animé une émission sur la chaîne Voice TV, Diva Cafe. À Bangkok, on se souvient encore des concerts qu’elle a donnés sous le nom de Blue Randôme.

Cette experte de la Thaïlande est régulièrement interviewée sur ce pays qu’elle affectionne. Ainsi, vous pouvez revoir l’entretien accordé à l’excellent média indépendant Asialyst, Le populisme de Thaksin Shinawatra où elle rappelle que « Thaksin reste l’homme qui divise la Thaïlande » :

Précédemment, RFI avait consacré un débat entre Eugénie Mérieau et Hughes Tertrais. Sous la conduite de la journaliste Marie-France Chatin, la politologue et l’historien répondait tous deux à la question « Où va la Thaïlande ? ». C’était à l’occasion des élections législatives du 24 mars 2019 en Thaïlande, les premières depuis le coup d’Etat du 22 mai 2014 qui a placé le pays et ses 69 millions d’habitants sous la poigne des généraux. Écoutez donc le podcast de l’émission.

In fine et toujours sur RFI, Eugénie Mérieau est revenue sur les origines des manifestations. Un utile complément radiophonique à son article reproduit ci-dessus que vous pouvez écouter sur YouTube. Cette fine connaisseuse du royaume de Thaïlande peut aussi être écoutée sur France Culture où elle a participé à plusieurs émissions.

Si l’analyse d’Eugénie Mérieau vous a passionné.e, lisez alors son article de fond Comprendre l’instabilité politique thaïlandaise : constitutionnalisme et coups d’État, paru dans la revue Politique Étrangère il y a 7 ans.

Retrouvez Eugénie Mérieau
➥ sur son site web
➥ et sur sa page Facebook

Publicités

Un regard complémentaire, celui d’Apichatpong

Apichatpong Weerasethakul by ChiuYun – © Facebook – Kinoimages.com

Vous avez sans doute déjà entendu parler du réalisateur Apichatpong Weerasethakul, Palme d’Or à Cannes en 2010 pour son film Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures. Il vit à Chiang Mai et met la dernière main à son prochain film, Memoria. En 2016, Apichatpong « Joe » avait d’ailleurs fait l’objet d’une rétrospective multimédia (The Serenity of Madness – Sérénité de la folie) – à l’occasion de l’ouverture du MAIIAM, un musée d’art contemporain de classe internationale sis à Sankhampaeng, à l’est de Chiang Mai.

L’interview que nous offre Télérama nous permet de saisir les changements profonds que soulève la contestation estudiantine de la jeunesse thaïlandaise. Apichatpong se pose en observateur – et soutien – du processus de désobéissance en cours. Il note que les étudiants bousculent de manière inédite une société bouddhiste très hiérarchisée, remettant en cause les liens entre les grandes familles, la richesse et le pouvoir, en parlant de sujets tabous. Et ce n’est pas du cinéma !

C’est le genre de lecture qui nous permet de mieux comprendre le processus sociétal en cours. Lisez donc son interview sur Télérama.

Les étudiants thaïlandais face au triangle Armée-Constitution-Royauté
C’est là une autre intervention académique dont nous conseillons la lecture. Composée en été 2020, avant les grands rassemblement du quatrième trimestre, c’est le fruit d’une réflexion proposée par Mme Marie-Sybille de Vienne, professeur à l’ Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco).

Elle y rappelle notamment la proposition en dix points de réforme de l’institution royale rendue publique le 10 août 2020 par l’United Front of Thammasat and Demonstration (inconnu jusqu’alors; leur page Facebook). Formulée à Bangkok durant une manifestation publique par Rung :

1. La révocation de l’article 6 de la Constitution de 2017, qui rappelle la position de vénération dans laquelle doit être tenu le souverain;
2. La révocation de l’article 112 du code pénal relatif au crime de lèse-majesté;
3. La révocation du Crown Property Act de 2018, libérant le Crown Property Bureau (CPB) de la tutelle du ministère des Finances et faisant de ses actifs la propriété du roi (et non plus de la Couronne), au titre de sa fonction;
4. L’établissement de l’allocation budgétaire du souverain en fonction du contexte économique;
5. La suppression des agences sous commandement du roi;
6. La suppression des dons des et aux fondations royales;
7. L’abolition de l’inviolabilité du souverain (article 6);
8- L’arrêt de la célébration de la monarchie dans les administrations publiques et l’éducation;
9. L’ouverture d’une enquête sur les morts de personnes ayant critiqué ou ayant eu des relations avec la Couronne;
10. Le non-entérinement des coups d’État par le roi.

Retrouvez l’article complet en lecture gratuite sur le site The Conversation (à soutenir donc).


ARTE Regards – Vers un printemps thaïlandais ?

L’on vous propose bien à propos ce reportage diffusé sur Arte et visible jusqu’au 3 février 2021.

En voici la présentation : Ils sont des dizaines à avoir quitté leur pays sous peine d’être emprisonnés ou assassinés. Depuis le coup d’État de 2014, un nombre grandissant de Thaïlandais dissidents sont contraints à l’exil alors que le pays s’enfonce dans une dictature militaire. Qu’ils vivent à Paris, à Berlin ou Helsinki, ils sont toujours régulièrement menacés de mort.

Publicités

Manifestations au fil de l’année 2020…

À travers notre page Facebook, nous vous avons régulièrement tenu informé.e des manifestations organisées tant à Chiang Mai qu’à Bangkok, et ailleurs encore. Retour en arrière avec quelques publications (d’utiles compléments se trouvent dans les commentaires de chacune d’elles) :
06.03.2020 : une des premières flash mob organisée à la CMU (l’Université de Chiang Mai)
18.07.2020 : en direct de Bangkok où des milliers de manifestants s’étaient alors réunis, en plein état d’urgence (une vidéo supprimée entre-temps mais un extrait est encore visible ici) !
20.07.2020 : la manifestation organisée en écho ici à Chiang Mai, porte Thapae
25.07.2020 : malgré la prolongation de l’état d’urgence, les aspirations démocratiques de la jeunesse du royaume ne tarissent pas
16.08.2020 : les manifestations continues de plus belle à Bangkok
19.09.2020 : le 19 septembre, jour ô combien symbolique, est le jour qui a été fixé pour une nouvelle manifestation de grande ampleur : une journée de mobilisation à l’université Thammasat, à Bangkok, lieu de sinistre mémoire…
14.10.2020 : autre grande manifestation antigouvernementale à Bangkok en cette Journée de la Démocratie
16.10.2020 : nouvel affront pour Prayut à Bangkok
17.11.2020 : et Chiang Mai qui continue de répondre par de nouvelles manifestations
17.11.2020 : le choc des photos alors que la répression policière envers les manifestants se durcit

Et l’année 2021 voit continuer ces manifestations en Thaïlande ! Sans parler du putsch opéré début février par les militaires de Birmanie, un coup d’état contesté dans la rue. Alors que Hong Kong voit sa démocratie se mourir…

Des modes d’action novateurs au geste aux trois doigts levés, les mouvements prodémocratie de l’Asie du Sud-Est s’inspirent les uns des autres, malgré des motivations différentes à leur origine. Lisez l’analyse de Carol Isoux qu’a publiée Libération : À Rangoun, Hongkong et Bangkok, les méthodes s’assimilent.


Loi sur le crime de lèse-majesté

Bien qu’elle soit décriée, c’est sur la base de cette loi qu’une Thaïlandaise a été condamnée cette semaine à pas moins de 43 ans de prison pour avoir insulté la famille royale, la plus lourde peine jamais enregistrée dans le royaume pour crime de lèse-majesté. Prénommée Anchan, cette fonctionnaire de 63 ans était naguère proche du réseau DJ Banpodj, un podcast politique qui s’en prenait à la monarchie. Son principal instigateur, Hassadin U., 64 ans, a d’ailleurs été condamné à 20 ans de prison. En 2017, un homme avait été condamné à 35 ans d’emprisonnement pour une série de publications et de commentaires sur Facebook. Dans un reportage radio, RTS Info revient sur le dernier de ces tristes dénouements judiciaires.

Comme nous l’a rappelé Eugénie Mérieau, l’abolition de cet article pénal est l’une des principales revendications du mouvement mené par la jeunesse protestataire. 

Article 112. Quiconque diffame, insulte ou menace le roi, la reine, le prince héritier ou le régent, est puni d’un emprisonnement de trois à quinze ans.

C’est précisément cet article du Code pénal thaïlandais que les jeunes, et avec eux les organisations de défense des droits humains, veulent voir être aboli.

Les étudiants ne sont pas les seuls à dénoncer l’iniquité de cette loi. Beaucoup d’ONG constatent que le gouvernement abuse de l’article 112 afin de limiter la liberté d’expression, un droit de l’homme inaliénable. Le rapport annuel d’Amnesty International sur la Thaïlande le mentionne à chaque fois. Et Amnesty de regretter que la Thaïlande soit toujours un État non abolitionniste pour ce qui a trait à la peine de mort, toujours inscrite dans la législation du pays (voir l’extrait du Code pénal ci-dessous).

L’ONG Thai Lawyers for Human Rights (TLHR) – qui a défendu Anchan – nous rappelle que l’article 112 du Code pénal thaïlandais (« lèse-majesté ») avait été suspendu près de 2 ans – à la demande de S.M. le roi Vajiralongkorn – depuis sa dernière application en 2018. Un article appliqué à nouveau afin de poursuivre les manifestants, les utilisateurs en ligne et tout individu dont les paroles et les actes sont considérés comme une diffamation envers la famille royale thaïlandaise.

Thai Lawyers a d’ailleurs dressé une liste précise des dénonciations pénales en lien avec cet article controversé : du 24 novembre au 17 décembre 2020, au moins 33 individus dans 20 procès ont été accusés de « lèse-majesté ». Parmi ces personnes figurent un mineur et des étudiants universitaires. Pour prendre réellement conscience des abus possibles de la part des autorités, sachez que parmi ces cas, la publication sur Facebook du message « Très courageux. Très bien. Merci » a été considéré comme une diffamation royale !

Dernière citoyenne à faire les frais de la loi de lèse-majesté, Amarat Chokepamitkul, députée de l’opposition (du parti Move Forward).

L’exposition « 112 the Exhibition » à Bangkok dénonce subtilement les abus du pouvoir en matière de lèse-majesté en Thaïlande. Elle est le fruit de l’artiste de rue thaïlandais connu sous le nom de « Headache Stencil ». Le Petit journal vous en parle.

Extrait du Code pénal thaïlandais (traduction libre) :

Infractions relatives à la sûreté du royaume
Chapitre 1 – Infractions contre le roi, la reine, le prince héritier et le régent

Article 107. Quiconque, assassinant le roi à mort, est puni de mort. Quiconque tentera de commettre l’acte susmentionné sera puni de la même manière. Quiconque, faisant un acte quelconque en vue de préparer l’assassinat du roi ou sachant qu’il y a la personne qui va assassiner le roi, ayant fait un acte quelconque pour aider à garder l’acte secret, sera puni de la prison à vie.

Article 108. Quiconque, commettant un acte de violence contre le roi ou sa liberté, sera puni de la peine de mort ou de la réclusion à perpétuité. Quiconque tente de commettre une telle infraction est passible de la même peine. Si cet acte est susceptible de mettre sa vie en danger, l’auteur sera puni de la peine de mort. Quiconque se prépare à commettre un acte de violence contre le roi ou sa liberté, ou accomplit un acte quelconque pour aider à garder le secret sur l’intention de commettre un tel délit, sera puni d’une peine d’emprisonnement de seize à vingt ans.

Article 109. Quiconque cause la mort de la reine, du prince héritier ou du régent est puni de mort. Quiconque tente de commettre un tel délit est passible de la même peine. Quiconque prépare la mort de la reine, du prince héritier ou du régent, ou accomplit tout acte pour aider à garder le secret sur l’intention de commettre un tel délit, sera puni d’une peine d’emprisonnement de douze à vingt ans.

Article 110. Quiconque commet un acte de violence contre la reine ou sa liberté, le prince héritier ou sa liberté, ou le régent ou sa liberté, est puni d’un emprisonnement à vie ou d’un emprisonnement de seize à vingt ans. Quiconque tente de commettre une telle infraction est passible de la même peine.
Si cet acte est susceptible de mettre en danger la vie de la reine, du prince héritier ou du régent, l’auteur de l’infraction sera puni de la peine de mort ou d’une peine d’emprisonnement à perpétuité.
Quiconque se prépare à commettre un acte de violence contre la reine ou sa liberté, le prince héritier ou sa liberté, ou le régent ou sa liberté, ou accomplit tout acte pour aider à garder secret l’intention de commettre un tel délit, sera puni d’une peine d’emprisonnement de douze à vingt ans.

Article 111. Quiconque apporte son soutien à la commission d’une infraction visée aux articles 107 à 110 est puni de la même manière que le responsable de cette infraction.

Article 112. Quiconque diffame, insulte ou menace le roi, la reine, le prince héritier ou le régent, est puni d’un emprisonnement de trois à quinze ans.

ThailandLawOnline – Criminal code B.E. 2499

Épine dans le pied du pouvoir thaïlandais en ce début d’année 2021, le populaire militant Arnon a été nommé comme l’un des leaders émergents du monde par le magazine TIME (TIME100 next 2021).

Le magazine américain relève qu’Arnon Nampa a un comportement modeste et un penchant pour s’habiller comme Harry Potter. Ce qui n’empêche pas cet avocat des droits de l’homme de faire trembler l’establishment de son pays. La Thaïlande est le plus ancien allié des États-Unis en Asie et a servi de rempart contre des voisins plus autoritaires, mais sa démocratie s’est érodée au fur et à mesure que les liens avec la Chine s’épanouissaient. Arnon a donné de l’énergie aux jeunes Thaïlandais en réclamant que le pouvoir politique soit retiré à la sacro-sainte famille royale et que la constitution rédigée par les militaires soit mise en pièces. En conséquence, il a été arrêté à trois reprises ces derniers mois et accusé de sédition (à l’heure où nous écrivons, il est encore incarcéré). Mais alors que le Covid-19 continue d’avoir un impact sur l’économie thaïlandaise qui dépend du tourisme, de plus en plus de jeunes se sont joints aux manifestations qui sont déjà les plus importantes depuis le coup d’état de 2014 – qui, selon les experts, met la pression sur le gouvernement militaire. « Les gens en ont assez de vivre sous un régime répressif », a-t-il déclaré au TIME à la fin de l’année dernière.

Découvrez le reportage que lui consacre le TIME (avec une vidéo à la clef).

Publicités

Mieux comprendre la Thaïlande

Si la Thaïlande vous attire, la lecture vous donnera les clefs pour mieux comprendre ce pays et ses habitants. Eugénie Mérieau écrit beaucoup sur la Thaïlande.

Nous vous avons déjà parlé de sa thèse de doctorat qui n’intéressera cependant pas celles et ceux attirés par les seules jouissances balnéaires qu’offre le pays ! Une thèse que vous pouvez acheter en version brochée ou alors lire gratuitement en version électronique.

Outre ce travail académique, nous avons sélectionné deux ouvrages qui devraient intéresser toute personne désirant voyager intelligemment au Pays du Sourire. N’hésitez pas à les commander chez votre libraire préféré (les liens renvoient à leur présentation sur Amazon).

Idées reçues sur la Thaïlande
Eugénie Mérieau

Souvent plus connue pour ses plages et son tourisme sexuel, la Thaïlande peine à se débarrasser des clichés, souvent sulfureux, qu’on lui accole : Triangle d’or et plaque tournante de la drogue, paradis des lesbiennes, gays et transgenres, royaume d’opérette, et, sur le terrain économique, le fameux Tigre asiatique ! Précis, concis et très documenté, cet ouvrage est une excellente introduction à ce pays, son histoire et ses habitants. Le meilleur moyen de dépasser ses idées reçues !

Commandez-le chez votre libraire préféré ou sur Amazon.

Les Thaïlandais. Lignes de vie d’un peuple
Eugénie Mérieau

Terre de paradoxes assumés, la Thaïlande, Pays du Sourire, se rit des contradictions qui la fondent comme elle se joue des contrastes qui l’habillent. Lors de son arrivée au royaume de Thaïlande, tout voyageur est frappé de constater l’apparente liberté dont jouissent les Thaïlandais – pourtant sous le joug d’une dictature militaire. Mais derrière son vernis pastel de carte postale se découvre la réalité de la misère, des bordels et de la corruption. Autour de Bangkok, la mégalopole folle, la Thaïlande rurale continue à cultiver ses rizières en escalier. Ces deux Thaïlande qui se font face, l’une rurale, l’autre urbaine, n’en sont pas moins unies par un impétueux sentiment national : la khwampenthai (la « thaïtude ») définit les contours de l’identité nationale grâce au motto Nation, Religion, Monarchie. 
Ministre, féministe, chauffeur de taxi ou révolutionnaire…, ils nous racontent ici leur vie, leur Thaïlande.

Éric Deseut nous parle de cet essai convainquant dans Le Petit Journal. Quant à Bernard Formoso, autre grand spécialiste de la Thaïlande et plus généralement de l’Asie, il se montre plus circonspect dans sa critique.

Commandez cet ouvrage chez votre libraire préféré ou sur Amazon.

Depuis la fin de l’année dernière, les jeunes contestataires ont mis un frein à leurs manifestations publiques de grande ampleur. Néanmoins, le mouvement continue de bouillonner, quelque peu réfréné par la récente flambée de contaminations dans le cadre de la pandémie sanitaire autour de la capitale (un sujet qui accapare les esprits en raison du bombardement médiatique quotidien alors que d’autres fléaux sanitaires continuent leurs ravages, en sourdine, à l’image du SIDA, du tabac ou encore de la dengue, sans parler des accidents de la circulation).

Si vous êtes arrivé.e jusqu’au terme de cet article, c’est que la Thaïlande vous intéresse vraiment. À travers les lectures que nous vous proposons, vous serez alors armé.e d’un regard critique bienvenu vous permettant d’aller au-delà de l’image idyllique véhiculée par l’Office du tourisme. Et sans doute que vous apprécierez alors d’autant plus ce pays fascinant aux multiples facettes, certaines peu reluisantes, il est vrai. Bienvenue en Thaïlande !


1 Une analyse publiée avec la fort aimable autorisation de son auteure que nous remercions encore une fois ici 🙏
Nous de disposons hélas pas des notes de bas de page de l’article original; veuillez nous en excuser. Nous sommes par ailleurs responsables du choix des illustrations qui accompagnent le texte.

Source de l’image à la une © Facebook – PPTV HD 36 (il s’agit d’une photo d’une manifestation tenue devant le ministère thaïlandais de l’Éducation, à Bangkok, le 16 janvier 2021, à l’occasion de la Journée des Enseignants).
Article composé le 20.01.2021 et mis à jour le 02.03.2021

3 juin, anniversaire de la reine Suthida en Thaïlande

Vous l’aurez peut-être constaté en sortant, chaque 3 juin est un jour férié dans tout le royaume siamois (les agences gouvernementales sont donc fermées, à l’image du Bureau de l’Immigration). Le 3 juin, la Thaïlande fête en effet l’anniversaire de sa récente reine, Sa Majesté la reine consort Suthida (สุทิดา) Bajarasudha Bimollaksana.

On vous présente cette ravissante reine, peu connue encore de ses sujets, revenant sur ses apparitions publiques, et l’on vous indique les cérémonies organisées en son honneur, que ce soit à Bangkok, la capitale, ou ici à Chiang Mai (ce pour l’année 2020).

3 JUIN – JOUR FÉRIÉ EN L’HONNEUR DE L’ANNIVERSAIRE DE LA REINE SUTHIDA

En 2022, pas de grandiloquence au programme (la Thaïlande sort toujours péniblement de la pandémie sanitaire). Les Thaïlandais ont bien entendu bénéficié d’un jour férié. À Bangkok, un salut au canon royal s’est déroulé en matinée (photos) alors qu’en soirée, une cérémonie aux chandelles a été organisée à Sanam Luang, la grande place qui amène au Palais Royal, le Temple du Bouddha d’Émeraude (dès la minute 24:00 sur cette vidéo). Avec un show light & sound impliquant des drones. Hélas en l’absence de Leurs Majestés la reine et le roi. Une reine à qui tout un chacun peut transmettre ses bons vœux sur cette page.

En 2021, vous ne serez pas étonné·e d’apprendre qu’il n’y a eu aucune cérémonie publique d’envergure à l’occasion des 43 ans de la reine consort, pandémie du covid oblige. Les sujets de Sa Majesté étaient invités à lui rendre hommage en ligne : un livre d’or a peu être signé sur cette page afin de transmettre les bons vœux du peuple à sa reine.

Par ailleurs, trois tronçons d’autoroutes autour de Bangkok étaient gratuits à cette occasion ! Officiellement, le 3 juin 2021, Leurs Majestés le roi Vajiralongkorn et la reine Suthida de Thaïlande ont accordé une audience aux représentants de divers hôpitaux pour la fourniture de matériel de soutien à tout le personnel médical qui a travaillé en première ligne pendant la pandémie de coronavirus (images). Le bataillon d’artillerie n’aura pas manqué de tirer 21 salves en l’honneur de Sa Majesté la reine. Si le cœur vous en dit, vous pouvez visionner ce court document panégyrique qui reprend d’anciennes images.

Publicités

Qui est Suthida ?

Hôtesse de l’air puis garde du corps du roi, avant d’être propulsée reine ! C’est une « une reine issue du peuple »; d’ascendance chinoise, elle est originaire de Hat Yai, dans la province de Songkhla, à l’extrême sud de la Thaïlande.

La reine est née le 3 juin 1978, un samedi, qui correspond à la couleur violette, sous le nom de Suthida Tidjai ( สุทิดา ติดใจ). C’est la quatrième épouse du souverain Vajiralongkorn.

Diplômée en arts de la communication de l’université Assumption, une université catholique, elle est devenue hôtesse de l’air, exerçant sur les lignes de la compagnie japonaise JAL puis sur celles de la compagnie nationale Thai Airways International. Dès 2010, officiant à la Garde royale, elle en grimpe les échelons, devenant commandant du bataillon d’entraînement, ce qui lui a permis de suivre, de 2010 à 2018, plusieurs cours de formation militaire. En 2017, elle a été aide de camp adjointe de Sa Majesté le roi au sein du département des aides de camp royaux avec un grade de général spécial, puis commandant adjoint du Commandement royal de la sécurité, toujours en tant que général spécial. S.M. le roi Maha Vajiralongkorn l’a nommée reine le 1er mai 2019, quelques jours avant son munificent couronnement. Ses titres et nom complet sont depuis lors สมเด็จพระนางเจ้าสุทิดา พัชรสุธาพิมลลักษณ พระบรมราชินี ลักษณ พระบรม ราชินี (Somdet Phra Nang Chao Suthida Phatcharasutha Phimon Lak Phra Borommarachini). La Reine Suthida n’a pas d’enfant.

Rappelons encore qu’une concubine officielle du roi, Sineenat Bilaskalayani, a été répudiée par le monarque pour « déloyauté » seulement trois mois après son exceptionnelle intronisation ! Le magazine Gala en a parlé. Oubliez cette sombre affaire et admirez les portraits officiels du couple royal thaïlandais.

Vous voulez en savoir plus sur la reine Suthida ? Paris Match en a dressé le portrait. Et Wikipédia vous dévoile tant ses distinctions honorifiques que ses rangs militaires.

Ses apparitions publiques

Sa Majesté la ravissante reine Suthida apparaît régulièrement en public, surtout à Bangkok (vidéo). Ce fut par exemple le cas le 8 mai 2019 à l’occasion de la cérémonie annuelle du Labour Royal sur la place Sanam Luang, à Bangkok, accompagnant son époux fraîchement couronné. Rebelote le 28 juillet 2019, à l’occasion des festivités en l’honneur de l’anniversaire de S.M. le roi Rama X. Ou encore le 24 septembre de la même année où elle a déposé une couronne de fleurs au pied de la statue du Dr Mahidol Adulyadej, grand-père du roi régnant, à l’occasion de la Journée du prince Mahidol. La reine Suthida a pris la parole durant la Journée nationale thaïlandaise des Femmes le 1er août 2019. Autre apparition lors de la cérémonie bouddhiste kathina, en octobre 2019, au Wat Arun, offrant des robes monastiques aux moines. Plus récemment, elle était bien entendu présente aux festivités du 6 avril 2020, Journée de commémoration de la dynastie Chakri, lignée de son époux.

Reine douairière vs reine consort

Douairière. La douairière est un terme de droit ancien (conventionnel ou coutumier) désignant une veuve d’un milieu aristocratique jouissant d’une partie des biens de son défunt mari qui constituent son douaire. Comme son défunt mari régnait, on parle donc de reine douairière, appelée aussi reine mère puisqu’elle est la mère du souverain en titre. Le terme n’a donc que peu de rapport avec un éventuel douaire et constitue une précision utile lorsque deux femmes portent le même titre.

Consort. Le titre de reine consort correspond à l’épouse non couronnée du souverain. Or, quelques jours avant son couronnement, en mai 2019, S.M. le roi Rama X a épousé Suthida, devenue la reine consort du royaume.

Définitions reprises de Wikipédia

Cérémonies en son honneur

La nation thaïlandaise salue donc la reine qui fête son 42e anniversaire ce 3 juin 2020. Les aumônes matutinales aux moines seront données en son honneur.

Des activités sont organisées mais de manière restreinte. Les restrictions dues à la pandémie du Covid-19 empêchent en effet les festivités collectives cette année 2020. Cependant, les grands axes routiers de la capitale, Bangkok, ont vu fleurir de nombreux portraits de la reine les jours précédents son anniversaire. Nous n’alimenterons point ici les polémiques que peut faire naître cet événement.

Des centaines si ce n’est des milliers d’endroits dans toute la Thaïlande affichent des portraits de la reine Suthida, décorés de violet et richement fleuris. Dans les agences gouvernementales, notamment les hôtels de ville, les sujets de tout le royaume peuvent apposer leurs bons vœux en signant le livre d’or. Comme ici au Palais Royal, à Bangkok donc, où les autorités rendent hommage (l’ouverture du palais au public a par ailleurs été repoussée).

À 8h, une cérémonie de mérites en l’honneur de la reine a vu relâcher 43 poissons-chats et 5 kilos d’escargots de rivière dans le Chao Phraya. En matinée, sur la place Sanam Luang, la Garde royale a tiré des coups de canon. Alors que les Forces aériennes et navales de l’Armée royale en ont fait de même, tirant 21 coups de canon.

Bénévoles saluant le portrait de S.M. la reine Suthida à Bangkok © Facebook – NationPhoto

S’agissant d’un jour férié, beaucoup d’actions de volontariat sont organisées à travers le pays (ici le nettoyage d’un parc à Bangkok par 500 volontaires). Chaque province organise des activités de charité et de bénévolat sous le slogan Have and Share (Avoir et Partager), dans le cadre desquelles les habitants aident ceux qui sont dans le besoin, en l’honneur de Sa Majesté. Des mesures de distanciation physique sont bien entendu observées pour empêcher la propagation du Covid-19.

À noter que pour l’heure, la Fête des Mères en Thaïlande reste fixée au 12 août, jour anniversaire de Sa Majesté Sirikit, la reine mère douairière, « Mère de tous les Thaïlandais ». On pouvait d’ailleurs voir les deux reines réunies lors du 87e anniversaire de Sa Majesté Sirikit le 12 août 2019.

Liens pour celles et ceux souhaitant suivre l’actualité de la famille royale thaïlandaise

➠ Suthida est honorée sur le compte Instagram de ses fans
➠ Le site web du Bureau de la Maison royale n’est hélas point alimenté quotidiennement.
➠ La page Facebook officielle du couronnement du roi, พระราชพิธีบรมราชาภิเษก พุทธศักราช๒๕๖๒, continue à être animée; elle informe des actions de la Maison royale.
➠ La page Facebook Royal World Thailand – รอยัล เวิลด์ ประเทศไทย, bilingue thaï/anglais, informe plus généralement sur les familles royales du monde entier, dont la famille thaïlandaise.
➠ Le site belge Histoires Royales évoque régulièrement la famille royale thaïlandaise, parfois avec une odeur de soufre…
เฉลิมพระเกียรติองค์ราชัน เฉลิมพระขวัญองค์ราชินี est une page Facebook en l’honneur de la reine, très animée (c’est bien sûr en thaï).
➠ Autre page Facebook panégyrique : We love สมเด็จพระนางเจ้าสุทิดา พัชรสุธาพิมลลักษณ พระบรมราชินี

Publicités

À Chiang Mai aussi

Pas de grande célébration publique à Chiang Mai non plus, contrairement à l’année dernière où le centre de convention international CMECC avait accueilli une telle cérémonie, commençant par des aumônes à 41 moines (c’était l’âge de la reine) et se terminant en soirée par une cérémonie aux chandelles. Impossible également d’organiser des célébrations dans les écoles (ici l’école Wachirawit en 2019) puisque les établissements scolaires sont fermés.

Comme dans tout le pays, des actions bénévoles ont été menées avec comme slogan Avoir et Partager. Ainsi, le gouverneur de Chiang Mai et le directeur de l’antenne locale de la Croix-Rouge thaïlandaise, après une cérémonie officielle en matinée, ont soutenu des volontaires dans leurs actions : aide aux personnes touchées par la pandémie du Covid-19 (surtout celles souffrant des mesures visant à l’endiguer) et plantage d’arbres. Tout cela en l’honneur de la reine.

Quelques jours auparavant, le maire de la ville a organisé une cérémonie, enregistrant des messages vidéos destinés à la reine. De même pour la cérémonie officielle de l’Université de Chiang Mai (CMU) mais en l’absence des étudiants. Ambiance tout aussi violette au Bureau provincial du développement communautaire de Chiang Mai, comme dans beaucoup d’autres agences gouvernementales.

Il y a également des actions spéciales en ce jour particulier. Ainsi, l’hôpital Klaimor propose aux femmes un test gratuit de dépistage du cancer du col de l’utérus.

Sa Majesté la reine Suthida est la 7e reine de la dynastie Chakri. En voici la liste par ordre chronologique :
● La reine Somdet Phra Amarindra, sous le règne du roi Rama IER
● La reine Somdet Phra Sri Suriyendra Boromarajini, sous le règne du roi Rama II
● La reine Somdet Phra Debsirindra Boromarajini, sous le règne du roi Rama IV
● La reine Somdet Phra Nangchao Indrasakdi Sachi Phra Boromarajini, sous le règne du roi Rama VI
● La reine Somdet Phra Nangchao Rambai Barni Phra Boromarajini, sous le règne du roi Rama VII
● Sa Majesté la reine Somdet Phra Nangchao Sirikit Phra Boromarajininat, sous les règnes des rois Rama IX et Rama X
● Sa Majesté la reine Suthida Bajarasudha Bimollaksana, sous le règne du roi Rama X

Source : The Nation Thailand

On souhaite à Sa Majesté la reine Suthida nos meilleurs vœux d’anniversaire, puissent le bonheur l’accompagner sa vie durant. Vive la reine !

Publicités

Occasion de vous dévoiler qu’une autre reine asiatique fête son anniversaire le lendemain. Il s’agit de Sa Majesté la reine Jetsun Pema Wangchuck du Bhoutan, de 12 ans sa cadette, elle qui a épousé le roi Jigme Khesar Namgyel Wangchuck. Jetsun Pema – tout aussi ravissante que Suthida – est devenue reine consort le 13 octobre 2011. Le couple royal, qui entretient de bons rapports avec la royauté siamoise, a deux fils.

#Suthida #สุทิดา #ReineThaïlandaise #ReineThaïe #ReineThaïlande #reine #royauté #Thaïlande


Source éditoriale : HM The Queen celebrates her birthday today (The Thaiger)
Source de l’image à la une © Facebook
Article composé le 03.06.2020 et mis à jour le 03.06.2022

Feu Bhumibol le Grand – Trois ans déjà

C’est ce dimanche 13 octobre 2019 qu’a eu lieu la grande journée de commémoration en souvenir du défunt roi bien-aimé, Bhumibol Adulyadej le Grand1, un dimanche où le jaune était de rigueur. Depuis l’année 2017, le 13 octobre est devenu officiellement un jour férié en Thaïlande; il correspond à la date du décès de ce roi qui aura régné 70 ans durant. Comme en Thaïlande les jours fériés qui tombent sur le week-end se rattrapent le lundi, ce sont donc trois jours de congé d’affilée dont ont bénéficié beaucoup de Thaïlandais.

On revient brièvement sur ses funérailles tout en vous parlant des commémorations qui ont eu lieu tant à Chiang Mai qu’à Bangkok. Et l’on termine par un rappel de ce qu’est la dynastie Chakri, tout en vous donnant des conseils de lecture.

BhumibolSCBThailand

© Facebook – SCB Thailand

Né le 5 décembre 1927 aux États-Unis et mort le 13 octobre 2016 à Bangkok, il y a trois ans donc, à près de 89 ans, Bhumibol le Grand, de son nom dynastique Rama IX, a été couronné en 1950. Il a régné de 1946 à 2016, soit plus de 70 ans ! C’est dire l’influence qu’il a pu avoir sur son peuple qui le vénérait; la plupart des Thaïlandais ne connaissait que ce roi-ci. Un billet commémoratif d’une valeur nominale de 70 bahts a même été émis naguère, une coupure devenue bien évidemment collector.

Ses funérailles royales, qui se sont déroulées du 25 au 29 octobre 2017, ont été historiques autant qu’émouvantes (relisez donc l’article que nous avions consacré à cette crémation royale ou visionnez ce documentaire poignant).

Bhumibol Photo Aekachai Wanson‎ Photo-cm Club

© Facebook – Aekachai Wanson (Photo-cm Club)

La période de deuil national, qui a duré plus d’un an, s’est achevée le 29 octobre 2017 (notre article). Formé en Suisse romande, Rama IX était non seulement francophone mais aussi francophile. À noter que dans le pays, on commémore également son anniversaire le 5 décembre (un jour qui marque encore la Fête des Pères).

C’est son fils, S.M. Maha Vajiralongkorn, désigné en 1972 héritier du trône, qui lui a succédé. Son couronnement a eu lieu le 4 mai de cette année 2019, juste après la présentation officielle de son épouse, la reine Suthida. Souverain constitutionnel, Sa Majesté le roi de Thaïlande est le chef de l’État et le protecteur des religions du royaume. Sous le regard maternel de Sa Majesté la reine douairière Sirikit qui, elle, est née un 12 août, journée où est également célébrée la Fête des Mères en Thaïlande.

L’émotion est encore vive dans toute la Thaïlande. Il suffit de s’être rendu à l’une ou l’autre des manifestations organisées dimanche dernier partout dans le royaume pour s’en convaincre. Impossible de toutes les mentionner, il y en a eu une myriade.


Commémorations à Chiang Mai

Considéré comme le “Père de la Nation”, le roi Bhumibol Adulyadej le Grand a laissé tout un pays orphelin. À Chiang Mai, le 3e anniversaire de sa disparition a été marqué officiellement dimanche 13 octobre 2019. Un hommage lui a été rendu en matinée à travers une cérémonie d’offrande aux moines (cela s’est déroulé au CMECC – Centre international d’expositions et de congrès, au nord de la ville, photos ici et ). Et durant la journée, des bénévoles ont procédé à des nettoyages de canaux. Mais l’événement commémoratif public le plus marquant a eu lieu en soirée, à la porte Thapae, épicentre touristique de la ville.

Bhumibol3rdAnniversaryPhotoPRD3Montage

Émouvante cérémonie nocturne aux chandelles sur la place Thapae © Facebook – PRD3

Toutes celles et tous ceux s’étant rendus au fameux marché piétonnier du dimanche soir ne pouvaient manquer la cérémonie officielle aux chandelles organisée sur la place. En plus des badauds, tous les fonctionnaires étaient convoqués; il y avait là plus de 10 000 personnes réunies par corps de métier ! Des participants qui sont restés silencieux 89 secondes durant, un cierge à la main (le roi étant mort à l’âge de 89 ans). Le jaune était de rigueur et gare à qui était habillé de noir ! Comme toujours en pareilles circonstances, l’émotion était palpable. L’événement a permis de prendre de remarquables clichés; reportages-photo de PR Chiang Mai, Chiang Mai Social News, Events Weekly News ou encore PRD3. Nous vous en avions parlé sur notre page Facebook.

D’autres institutions étatiques n’ont pas manqué de commémorer l’événement. À commencer par le parc Rajapruek (Royal Flora) et son exposition « En souvenir du roi Rama IX ». Un roi qui aimait à promouvoir une économie d’autosuffisance, l’agriculture étant au cœur de son action. Cette année, les habitants étaient invités à une cérémonie religieuse d’acquisition de mérites vendredi 11 octobre, en matinée : le jaune des dévots se mêlait à l’orange des moines. Jaune, le Royal Flora le restera tout le mois d’octobre à travers son parc floral qui peut être admiré par tout un chacun. En beaucoup d’autres endroits des fleurs jaunes ont été planté en souvenir du roi (clip vidéo).

Cérémonie plus discrète mais non moins émouvante à l’université Maejo, au nord de la ville. Autre cérémonie en mémoire du souverain au zoo de Chiang Mai : des offrandes aux moines en faisaient partie; une exposition en lien avec la sauvegarde de la faune vous y attend. Et comme à leur habitude, les centres commerciaux y vont aussi de leur hommage, en apprêtant un autel sur lequel les clients peuvent y faire leurs dévotions ou encore en organisant des offrandes aux moines.

Les temples royaux marquent eux aussi l’événement (il existe différentes classes de temples bouddhistes soutenus par la royauté). Tel le Wat Jed Yod, aux abords de la ville, sur la route pour se rendre au Doi Suthep (le Wat Jed Yod est un temple unique à Chiang Mai car d’inspiration hindoue). Ou encore du côté de Chom Thong, au sud-ouest (direction le Doi Inthanon, à 1h30 de route), avec son temple éponyme, le Wat Phra That Si Chom Thong Worawihan. Cependant, cette année 2019, il était difficile de distinguer les cérémonies d’hommage au défunt roi des cérémonies bouddhistes liées à une importante fête marquant la fin de la retraite monastique bouddhique, ok phansa (ออกพรรษา) puisque toutes deux avaient lieu au même endroit le même jour (soit dimanche 13 octobre 2019).

Beaucoup d’autres cérémonies ont pu être observées au hasard de pérégrinations dans la Rose du Nord. Où bon nombre d’habitants était habillé de jaune.


Commémorations à Bangkok

Bhumibol3rdAnniversaryPhotoNationPhotoMontage1

À Bangkok, les autorités actuelles au pied du défunt roi © Facebook – NationPhoto

Selon le programme officiel, à Bangkok, c’est le Premier ministre, le général Prayut Chan-o-cha, qui a mené la cérémonie d’aumônes à la mémoire du roi Bhumibol. À 6h45, le matin du 13 octobre 2019, accompagné de personnalités parmi lesquelles des responsables du gouvernement, 489 moines ont reçu les aumônes (photos et vidéo; l’année dernière ce n’étaient pas moins de 890 moines et novices qui ont reçu des offrandes, en souvenir des 89 ans de feu Bhumibol Adulyadej). A suivi une cérémonie de dépôt de couronnes à 8h30. Sa Majesté le roi Maha Vajiralongkorn, fils du défunt roi, a naturellement rendu hommage à feu son père à travers une cérémonie qui s’est déroulée au Grand Palais.

Bhumibol3rdAnniversaryPhotoEventsWeeklyNewsRecadré

Lueur d’espoir, celui d’un avenir meilleur © Facebook – Events Weekly News

En journée, ce sont des opérations de nettoyage des canaux qui ont occupé les bénévoles, toujours prêts à exécuter de bonnes actions en mémoire de feu le roi. La cérémonie officielle aux chandelles était fixée à 19h au Wat Thammaphirataram, dans le quartier de Dusit. Et là aussi, ce sont 89 secondes de silence qui ont été observées à la mémoire du roi Rama IX. Une série de spectacles musicaux a animé la soirée.

D’ailleurs, de l’aube au crépuscule, la grande place Sanam Luang était remplie de jaune. Une cérémonie aux chandelles – retransmise en direct – a illuminé l’espace dès 18h, en présence des autorités. Les habitants ont pu s’y rendre grâce aux navettes gratuites mises à disposition par la société de transport public. Les fonctionnaires n’étaient pas en reste; sur leur lieu de travail, nombreuses et nombreux ont rendu hommage comme par exemple le personnel de l’hôpital universitaire Siriraj. Une cérémonie agrémentée par la diffusion d’une chanson composée en 1971 par feu le roi : Le rêve impossible. Les paroles sont de Thanpuying Maneerat Bunnag (elles appellent les Thaïlandais à faire de grandes choses pour le royaume). L’hôpital Siriraj est lié à la famille régnante (lire notre article Deux dates où la médecine moderne thaïlandaise est célébrée).

C’est bien entendu tout le royaume qui rendait hommage ce jour là à Bhumibol le Grand (quelques événements répertoriés ici mais c’est bien sûr en thaï). Une véritable marée jaune humaine (et orange puisque les moines bouddhistes sont de la partie). Comme ici dans la province de Songkhla, en présence du Gouverneur. Et avouons qu’un wai appuyé effectué simultanément par autant de monde, à genoux, est acte impressionnant. Tout comme le Royal Flora à Chiang Mai, le complexe du Musée de l’Agriculture, sis à Pathum Thani, au nord de la capitale, se doit lui aussi de marquer l’événement. Ce sont trois jours de fête qu’il a organisés, du 12 au 14 octobre 2019, avec une exposition bien sûr mais aussi des animations musicales, y compris son émouvante cérémonie aux chandelles le soir du 13 octobre.

Bhumibol3rdAnniversaryPhotoNationPhotoMontage2

Hommage du peuple thaïlandais (ici les infirmières de l’hôpital Siriraj) © Facebook – NationPhoto

Force est de constater que le peuple thaïlandais apprécie rendre hommage à son défunt roi. De même que certains farang comme par exemple Jack Brown, une personnalité populaires en Thaïlande. Notons encore que cette année, un nouveau navire de guerre a été baptisé du nom de Bhumibol.

Cette journée de commémoration est également l’occasion d’exhumer d’anciennes photographies (et quelques vidéos), notablement partagées sur les réseaux sociaux. Il faut dire que le bien-aimé Bhumibol aimait à parcourir son royaume, lui qui était à l’écoute des difficultés vécues par ses sujets.

Quand les artistes s’en mêlent

La contribution des artistes est aussi importante à cette occasion. Ainsi, l’année dernière, le 7e art était à l’honneur dans l’exposition Les Arts Suprêmes Thaïlandais du Règne du Roi Rama IX. Autre exposition qui avait eu lieu : The Artists of the 2 Reigns Exhibition; un événement artistique qui soulignait la transition familiale entre les deux premiers souverains thaïlandais de ce siècle (présentation vidéo). Ici au nord, un artiste de renom, Suwit Jaipom, initiateur de la galerie Art Bridge à Chiang Rai, avait composé un portrait au fusain du roi disparu; une œuvre exposée ensuite à Chiang Mai. On rappelle la contribution de 89 artistes visible dans ce musée virtuel, de même que le travail de deux artistes que nous apprécions : le peintre Jirapat Tatsanasomboon (2018 et 2019) et le danseur Ronnarong Khampha (hommage qui date de l’année dernière).

Bhumibol3rdAnniversaryCoverFBPaisanTinnachatarak

Bhumibol, devenu une icône adorée © Facebook

Citons deux expositions qui se tiennent en ce moment, inaugurées le 13 octobre. Celle de la galerie d’art contemporain RCAC 84 (หอศิลป์ร่วมสมัยราชดำเนิน กรุงเทพฯ) intitulée นดวงใจนิรันดร์ | STILL ON MY MIND (Dans mon coeur pour toujours, présentée en vidéo). Et celle de la galerie N@Siam : Le Père ne s’en est pas allé (traduction libre de พ่อไม่ได้จากไปไหน, le père étant Bhumibol bien sûr, s’entend le Père de la Nation, dont l’esprit est toujours là).

Par ailleurs et toujours l’année dernière, un concours de photographie avait été organisé par l’APDA Thailand, soit l’Association asiatique pour le développement de la photographie; vous pouvez encore en voir le résultat avec le hashtag #KingRama9OfMemory. Rappelons ici la passion que vouait Bhumibol à la photographie. En matière musicale – le roi jouait du saxophone et a composé plusieurs pièces encore interprétées – des concerts ont été donnés en son honneur, hommages musicaux toujours émouvants, à l’image de celui de Boyd Kosiyabong ou encore celui-ci :

Les chancelleries du monde entier se sont fendues de leur communiqué rappelant les liens qui unissaient le monarque à leur pays respectif comme ici l’Ambassade de France. Et les entreprises privées de rappeler les réalisations de Bhumibol, lui qui a parcouru son pays de long en large, sensible aux difficultés quotidiennes vécues par ses sujets. Il est l’initiateur de nombreuses réalisations, la plus connue étant sans nul doute la Fondation du Projet Royal qui vient en aide aux minorités ethniques et, au-delà, aux communautés rurales, parents pauvres du spectaculaire développement économique de la Thaïlande (nous lui avons consacré un article complet). Voyez par exemple le diaporama de la banque SCB.

Retrouvez tous les articles que nous avons consacrés à Bhumibol le Grand sur cette page.


Rama, la dynastie régnante des Chakri2 !

Bhumibol Adulyadej était le 9e roi de Thaïlande issu de la dynastie actuellement régnante des Chakri, une dynastie fondée en 1782 qui prit la succession des rois d’Ayutthaya défaits par les Birmans. Cette date correspond à la fondation de Bangkok comme capitale du royaume. Les rois Chakri prirent le nom dynastique de « Rama ». Dix rois se sont pour l’heure succédé sur le trône. Le règne de Rama IX fut exceptionnellement long (plus de 70 ans donc). Résumons les 10 règnes :

  • Rama Ier – Chao Phraya Chakri, roi de 1782 à 1809 (27 ans de règne);
  • Rama II – Loet La, roi de 1809 à 1824 (14 ans de règne);
  • Rama III – Phra Nang Klao, roi de 1824 à 1851 (26 ans de règne);
  • Rama IV – Phra Chom Klao (appelé Mongkut), roi de 1851 à 1868 (17 ans de règne);
  • Rama V – Chulalongkorn, roi de 1868 à 1910 (42 ans de règne);
  • Rama VI – Vajiravudh (nommé aussi Mongkut Klao), roi de 1910 à 1925 (15 ans de règne);
  • Rama VII – Prajadhipok, (aussi appelé Pokklao), roi de 1925 à 1935, date de son abdication (9 ans de règne);
  • Rama VIII – Ananda Mahidol (qui n’est autre que le grand frère de Bhumibol; connu comme le Dr Chao Fah, il célébré chaque année le 9 juin), roi de 1945 à 1946 (1 an de règne effectif);
  • Rama IX – Bhumibol Adulyadej, roi de 1946 à 2016 (70 ans de règne);
  • Rama XMaha Vajiralongkorn, roi depuis le 1er décembre 2016 (couronné le 4 mai 2019).

Chakri Memorial Day HD Wallpapers

La dynastie Chakri (source)

DynastieChakriVénérés comme des demi-dieux par leurs sujets, les rois, de confession bouddhiste, sont eux aussi incinérés à leur décès, après de spectaculaires funérailles royales. Les cendres des neuf rois de cette dynastie reposent toutes dans un temple spécifique, à Bangkok-même ou aux alentours.

Vous pouvez bien entendu les visiter; leur dépôt se fait au pied d’un Bouddha (il vous suffira de demander sur place). En cliquant sur le nom du temple bouddhiste, vous le verrez sur Google Maps.

Retrouvez une photo de tous ces lieux royaux sur le blog de Richard Barrow.

Bhumibol Photo Marco Rugo

© Chiang Mai De-ci De-là


Pour aller plus loin

Celles et ceux désirant en savoir plus sur feu le roi Bhumibol Adulyadej pourront commencer par lire la fiche que lui consacre Wikipédia. La monarchie thaïlandaise est présente sur le web : site officiel, en anglais, quelque peu austère. Il y a également des pages Facebook panégyriques, à l’image de celles-ci : Following my King,  Nous aimons le roi Bhumibol Adulyadej le Grand – le roi Rama IX, La dynastie Chakri, Nous aimons la famille royale et Me love Praracha, ou encore le Centre d’information de la cérémonie de crémation du roi Bhumibol Adulyadej. Sans oublier ce musée virtuel : 89 years of King Rama IX.

On en profite pour vous rappeler que le père des rois Rama VIII (Ananda Mahidol) et Rama IX (Bhumibol Adulyadej), et donc le grand-père du roi actuel, Rama X, est célébré tous les 24 septembre en tant que Père de la médecine thaïlandaise moderne. Il s’agit du Prince Mahidol.

Les férus de lecture peuvent télécharger gratuitement Le roi Bhumibol. Force de la nation, un ouvrage illustré édité par le gouvernement thaïlandais en 2009. Et l’on vous invite également à plonger avec délice dans le livre Le Roi Bhumidol et la famille royale de Thaïlande à Lausanne. Un ouvrage qui révèle pour la première fois les souvenirs professionnels de Cléon C. Séraïdaris, précepteur particulier de Leurs Majestés les rois Rama VIII et Rama IX durant leurs études en Suisse, qui resta pendant vingt-six ans au service de la Famille Royale. C’est pour répondre au vœu de S.M. le roi Bhumibol de faire connaître la carrière de son précepteur auprès de la famille royale en Suisse que le fils de ce dernier a publié cet ouvrage, quinze ans après la disparition de son père. Par discrétion et loyauté, Cléon C. Séraïdaris n’avait pas révélé ces épisodes historiques, estimant être astreint à un devoir de réserve. Ces pages n’auraient donc jamais vu le jour sans la suggestion du roi qui, lors d’une audience privée, encouragea l’auteur à éditer ce recueil (il en existe deux autres versions, en anglais et en langue thaï). Un témoignage unique, abondamment illustré de photographies et de documents issus des archives familiales de l’auteur, un point de vue intimiste et familial, une part de l’histoire du royaume de Thaïlande.

Autre ouvrage plus récent, celui de Marie-Sybille de Vienne, universitaire fine connaisseuse du sud-est asiatique (surtout son versant économique). Il s’intitule Thaïlande, une royauté bouddhique aux XXe et XXIe siècles. Vous y ferez connaissance des arcanes du pouvoir mis en place par Bhumibol, s’articulant autour du Conseil Privé, du Bureau des propriétés de la Couronne (CPB) et de la symbolique royale. Un système d’influence qu’assoit son fils, le roi régnant, S.M. Rama X, en continuant de moderniser cette royauté bouddhique de la dynastie Chakri. Une dynastie qui, pour l’heure, a su éviter la crise née de l’exceptionnelle durée du règne de son défunt père.

La mémoire du défunt monarque reste vive ici en Thaïlande; vous aurez sans nul doute constaté que ses portraits sont toujours présents, que ce soit dans les échoppes privées ou sur les places publiques, souvent accompagnant celui de son fils, le roi actuel Rama X dont les sujets attendent la procession des barges royales, un événement qui s’annonce d’ores et déjà grandiose et qui mettra officiellement fin aux cérémonies du couronnement. Initialement prévue le 24 octobre, elle a été repoussée au jeudi 12 décembre 2019…

En attendant, vous pouvez prendre connaissance de la brève analyse qu’a publiée le magazine en ligne Gavroche : Du roi Bhumibol au roi Vajiralongkorn, deux visions du monde. Elle émane de Philippe Bergues, spécialiste de géopolitique; il s’agit d’une tentative d’explication du rapport des monarques thaïlandais au reste du monde.

Retrouvez tous les articles que nous avons consacrés à Bhumibol le Grand sur cette page.

#Bhumibol #BhumibolAdulyadej #RamaIX #roi #royauté #Thaïlande


1 Selon le système général de transcription du thaï (RTGS), Bhumibol Adulyadej (en langue thaï : ภูมิพลอดุลยเดช) devrait s’écrire Phumiphon Adunyadet. Nous avons adopté ici la graphie la plus usitée.
2 Source : Wikipédia

Source de l’image à la Une © Facebook – NationPhoto. Article mis à jour le 22.10.2019.


Vous avez aimé cet article ? Produire du contenu original demande du temps, des compétences et des connaissances. Utilisez nos liens d’affiliation tant pour vos hébergements, vos déplacements que les achats multimédias. Votre soutien ne vous coûtera rien de plus et nous aidera à continuer à vous offrir les informations que vous appréciez. Un grand merci à vous 🙏


« Entrées précédentes